De notre correspondante
à New York
L'ASTHME est maintenant considéré comme une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes. Les hypothèses pathogéniques sont centrées sur la notion selon laquelle l'asthme résulte d'une inflammation Th2 (T helper 2) exagérée des voies respiratoires.
Puisqu'il existe une nette ressemblance entre les réponses Th2 observées au cours de l'asthme et les réponses Th2 caractéristiques de l'immunité antiparasitaire, on suppose que l'inflammation Th2 a, à l'origine, évolué pour répondre aux parasites et que l'allergie et l'asthme atopique proviennent de réponses Th2 mal contrôlées, déclenchées indépendamment des infections parasitaires.
Un travail éclaire la pathogenèse de l'inflammation Th2 et de l'asthme. Son point de départ : le rôle important joué par les chitinases dans la réponse antiparasitaire des organismes inférieurs.
Les chitines, des composants de l'enveloppe des parasites.
Les chitines sont des composants polysaccharidiques de l'enveloppe des parasites, et les organismes inférieurs, en réponse aux infections parasitaires, produisent des enzymes chitinases qui détruisent les chitines et les protègent ainsi des parasites.
Des chitinases ont récemment été décrites chez l'homme, comme la chitinase acidique du mammifère (AMCase), mais on ne sait pas bien quel est leur rôle dans les réponses antiparasitaires ou Th2.
Une équipe dirigée par le Dr Jack Elias de l'université de Yale (New Haven, Etats-Unis) a donc cherché à savoir si les chitinases des mammifères, comme la chitinase acidique du mammifère (AMCase), contribue à la pathogenèse des réponses immunes Th2.
Les chercheurs montrent que l'expression de cette chitinase (AMCase) est accrue dans les poumons des souris lors d'une inflammation pulmonaire Th2 déclenchée par sensibilisation puis exposition à un aérosol d'ovalbumine allergénique (un modèle murin d'asthme).
Les protéines AMCase sont produites dans les cellules épithéliales et les macrophages du poumon. Cette production est induite uniquement durant l'inflammation Th2 (et non Th1) et est médiée, en grande partie, par l'interleukine 13 (IL-13).
Un second volet de l'étude démontre que l'AMCase contribue à la pathologie asthmatique. Dans le même modèle murin d'asthme, la neutralisation de la chitinase, obtenue par sérum anti-AMCase ou traitement inhibiteur par allosamidine, parvient à améliorer l'inflammation Th2 et réduit considérablement l'hyperréactivité des voies respiratoires. Cette neutralisation de la chitinase inhibe une partie des réponses effectrices de l'Il-13, y compris l'induction des chimiokines.
Cellules épithéliales et macrophages.
Enfin, les chercheurs ont constaté que l'expression de l'AMCase est également accrue dans les poumons (cellules épithéliales et macrophages) des patients asthmatiques.
Cette étude souligne donc l'importance potentielle des chitinases en tant que médiateurs des réponses Th2.
Elle suggère également que l'AMCase offre une cible thérapeutique potentielle qui peut être manipulée pour contrôler l'asthme.
Les chercheurs proposent également que l'effet bénéfique des corticoïdes dans l'asthme pourrait être médié, en partie, par leur capacité à augmenter le pH des voies respiratoires et réduire de ce fait la bioactivité des AMCase (plus actives à pH acide).
« Science », 11 juin 2004, p. 1 678.
Un nouveau domaine d'exploration
« Je pense que cela va ouvrir tout un nouveau domaine d'exploration »,
commente le Dr William Busse, un spécialiste de l'asthme a l'université
Médicale du Wisconsin a Madison.
Les brevets de découverte ont été cédés a MedImmune, une compagnie de
biotechnologie a Gaithersburg dans le Maryland.
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