DRESSANT DÉJÀ le constat d'échec des négociations conventionnelles, notamment pour appliquer les accords chirurgicaux du 24 août 2004, les chirurgiens de l'Ucdf (1), également soutenus par des praticiens hospitaliers, entrent aujourd'hui dans la campagne présidentielle. « La chirurgie traverse une crise grave, les réponses ne sont toujours pas apportées malgré les promesses depuis près de deux ans, résume le Dr Philippe Cuq, président du syndicat. Nous avons décidé d'interroger les candidats sur des sujets fondamentaux pour l'avenir même du système de soins ».
Dix questions seront posées aux postulants à l'Élysée. Elles portent en particulier sur l'offre, l'organisation et le financement des soins chirurgicaux en France. Avec 80 % de chirurgiens en secteur II, la solvabilisation des actes chirurgicaux par les régimes obligatoire et complémentaires est un enjeu prioritaire. « Il faut recalculer le coût réel de la chirurgie et en assurer le remboursement aux patients, affirme le Dr Cuq. C'est un appel solennel à nos partenaires pour fixer le juste niveau de prise en charge ». Et d'ajouter que les complémentaires, dans leur majorité, « ont abandonné le remboursement des frais chirurgicaux ». Une étude récente de l'Union nationale des organismes d'assurance complémentaire (Unocam) soulignait que la tendance des contrats collectifs santé est au « plafonnement » du remboursement des dépassements et à la raréfaction des offres de garanties en frais réels. Au total, deux tiers des dépassements d'honoraires actuels (toutes spécialités confondues) restent à la charge des ménages.
Mesurettes.
Confrontés à l'augmentation régulière de leurs charges (salaires de l'aide opératoire, redevances, assurance professionnelle...), les chirurgiens continuent surtout de dénoncer le « blocage » ou le « prix dérisoire » de nombreuses interventions. En septembre 2006, le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (accompagné d'une note du Pr Henri Guidicelli) sur l'application de l'accord chirurgie d'août 2004 avait dressé un bilan mitigé des promesses de revalorisation tarifaire. Certes, « en moyenne », la hausse des actes a été effectivement de 25 % pour les chirurgiens de secteur I et de 13,7 % pour ceux de secteur II (de septembre 2005 à février 2006 par rapport à la même période un an plus tôt). Mais conformément à la logique de la nouvelle Ccam technique, certains actes pourtant fréquents ont été beaucoup moins revalorisés que d'autres ; si bien qu'une partie importante des chirurgiens n'ont pas constaté dans leur activité cette augmentation de 25 % des honoraires. Quant au nouveau secteur tarifaire dit optionnel, censé procurer des compléments d'honoraires remboursés, la négociation est toujours en cours entre l'assurance-maladie, les médecins et les complémentaires santé ; la prochaine réunion est prévue le 8 mars. « On tourne en rond depuis des mois », accuse le Dr Cuq, sévère à l'égard des syndicats représentatifs (Csmf, SML et Alliance) qui, dit-il, « parlent mais ne trouvent rien ». Des « déclarations d'intention » que condamne également le Dr Xavier Beauchamps, ancien porte-parole du groupe Cochise (collectif des chirurgiens de secteur I), aujourd'hui membre de la FMF et secrétaire général de l'Ucdf.
Les chirurgiens vont sensibiliser les patients et leurs familles en distribuant, à compter du 1er mars, une lettre sur les « enjeux » des difficultés de la chirurgie. « Nous leur demanderons d'interroger les élus locaux », explique le Dr Cuq, à quelques mois des élections législatives.
(1) Union des chirurgiens de France.
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