CE N'EST PAS dans un bloc, mais au fond d'une cave de bistrot parisien du quartier Beaubourg que les syndicats de chirurgiens s'étaient donné rendez-vous. À l'issue de leur semaine de grève des opérations non urgentes, qui n'a entraîné que des « perturbations modérées », l'Union des chirurgiens de France (UCDF), des chirurgiens de toutes les verticalités (généraux, orthopédiques, digestifs et viscéraux) et les responsables de l'Association des anesthesistes libraux (AAL) ont rappelé leurs exigences, en présence des leaders de la FMF. En réponse à Roselyne Bachelot, qui jugeait «sans motif» la grève des chirurgiens, le Dr Cuq a déclaré que le mouvement n'était «pas une question d'honoraires, mais de remboursements».
«Les chirurgiens sont les seuls spécialistes obligés de survivre avec des compléments d'honoraires peu ou mal remboursés», a-t-il affirmé . Depuis leur rassemblement de 1 300 d'entre eux dans un amphithéâtre parisien le 4 octobre, les chirurgiens réclament des pouvoirs publics la prise en considération de leurs revendications. «Les tarifs de la chirurgie sont obsolètes par rapport à ceux d'autres spécialités, lâche le Dr Cuq. Et le problème n'est pas réglé par la convention médicale car les chirurgiens ne sont pas représentés à ces négociations. La FMF est le seul syndicat qui n'a pas signé le rapport d'étape signé en juillet sur le secteur optionnel.» Les chirurgiens sont farouchement opposés au secteur optionnel actuellement en débat dans les négociations conventionnelles. Ce nouveau secteur tarifaire doit s'appliquer à trois spécialités (chirurgie, anesthésie et gynécologie-obstétrique) et permettre de limiter les dépassements d'honoraires.
Les médecins qui y souscriraient s'engageraient à pratiquer au minimum 30 % de leur activité en tarifs opposables et à ne pas procéder dans les autres cas à des dépassements supérieurs à 50 % du tarif de la Sécurité sociale. «Le secteur optionnel est un leurre, affirme le Dr Olivier Morin, chirurgien orthopédiste, c'est nous mettre dans un système de tarifs opposables qui n'est pas attractif pour les chirurgiens de secteurII.»
Les chirurgiens dénoncent le secteur optionnel, inadapté selon eux à leur spécialité. «Il est nécessaire de traiter le problème avec les chirurgiens et de trouver autre chose qui convienne à notre spécialité, affirme Philippe Cuq. Nous avons des propositions à faire à l'assurance-maladie et aux pouvoirs publics.» L'UCDF a dans ses cartons depuis plusieurs mois un projet de contrat chirurgical qui, selon ses termes, maintiendrait une offre de soins conventionnée, réduirait le reste à charge des patients et valoriserait la transparence tarifaire des praticiens et des mutuelles (« le Quotidien » du 3 avril).
La menace du déconventionnement.
Les chirurgiens redoutent toujours que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et la loi Bachelot ne «portent des coups à la chirurgie» après la parution de l'arrêté imposant aux praticiens la rédaction d'un devis lorsque les honoraires totaux des actes et prestations excèdent 70 euros. Selon le Dr Marie-Pascale Quirin, présidente de l'AAL, «le coût réel des actes n'est pas celui de la Sécurité sociale et ne prend pas compte des actes techniques, le personnel à charge, les assurances…». «Si nous appliquions les tarifs de la Sécu, nous aurions 41% de bénéfice en moins pour payer nos secrétaires, le loyer… Nous n'avons pas d'autre choix que de demander des compléments d'honoraires», enchérit le Dr Hubert Johannet, secrétaire général du Syndicat des chirurgiens viscéraux et digestifs.
Certains chirurgiens n'excluent pas, selon la tournure des événements, de se déconventionner. «Quel intérêt d'être conventionné si on nous impose le secteur optionnel?», demande l'un d'eux.
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