UN SIGNE QUI NE TROMPE PAS. En Ile-de-France, l'an dernier, seulement deux postes d'internes sur la cinquantaine qui étaient proposée au choix des internes ont été pourvus. Cette spécialité, qui attirait autrefois l'élite de la médecine, est aujourd'hui délaissée. Trop pénible. Trop risquée. Pas rentable. La relève fuit et la chirurgie aura du mal à s'en relever.
En février 2003, le Pr Jacques Domergue, député UMP de l'Hérault, dressait avec le Pr Henri Giudicelli un constat accablant dans un rapport remis au ministère de la Santé : « Les aspirations des chirurgiens comme de tous les Français nous permettent de penser que la chirurgie connaît une crise sociale profonde nécessitant une évolution des modes d'exercice, seul moyen pour susciter des vocations. » Les chirurgiens attendaient avec espoir des réformes, des propositions pour sortir de la crise, mais « le rapport est tombé dans les poubelles de M. Mattei », écrivait un chirurgien dans une récente lettre au « Quotidien ».
Le Dr Alain Granier s'est installé en libéral en 1990. Chirurgien digestif à l'hôpital privé Paul-d'Egine, de Champigny-sur-Marne (Val-d'Oise), un établissement de 200 lits, il pratique trente à quarante opérations par semaine. De garde un jour sur deux, il cherche un troisième collaborateur en Ile-de-France. « Avec seulement un ou deux chirurgiens formés par an dans la région, comment voulez-vous le dénicher? » s'exclame-t-il.
Chirurgien spécialisé en gynécologie-obstétrique, le Dr Lionel Larue voit son service, à la clinique de Bercy de Charenton-le-Pont fondre comme neige au soleil. L'équipe comptait neuf éléments en 2002, huit l'année dernière. Ils ne sont plus que six, et encore... « deux à trois médecins songent à arrêter ».
Le rapport Domergue prédit des premières difficultés démographiques en 2006. « Il faut quinze ans pour former un chirurgien, comment allons-nous faire en attendant? » demande le Dr Granier.
Avec le blocage de certaines lettres-clé, la « judiciarisation » accrue de la profession et l'explosion des primes de responsabilité civile professionnelle (RCP), la chirurgie est devenue un repoussoir. « Ma prime d'assurance est passée de 9 762 francs ( 1 488 euros) en 1984 à 17 500 euros vingt ans plus tard. Dans le même temps, le K n'a presque pas bougé », constate le Dr Philippe Normand, secrétaire de la fédération Chirurgiens de France. Cette organisation doit appeler aujourd'hui les chirurgiens à cesser toute activité au 1er septembre si l'Etat ne règle pas rapidement le problème de la RCP. On se souvient que déjà, en janvier, plusieurs syndicats de chirurgiens avaient appelé à une grève totale des actes à partir du 1er septembre. Le mouvement semble donc se ducir.
Le mouvement se durcit
Les chirurgiens menacent de cesser toute activité à partir du 1er septembre
Publié le 26/04/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7528
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