Le temps de la médecine
Les chiens pourraient-ils aider leurs maître à diagnostiquer une lésion maligne ou à détecter un état critique ?
Dans une lettre au « Lancet » (15 septembre 2001, p. 930), Church et Williams rapportent le cas d'un labrador qui s'est mis à renifler constamment une lésion cutanée que son propriétaire, un homme de 66 ans, portait sur l'intérieur de la cuisse. Il s'agissait initialement d'un eczéma, présent depuis de nombreuses années, mais le comportement insistant du chien était récent. La lésion, montrée à un dermatologue, était un carcinome baso-cellulaire, qui a été excisé. Il n'y a pas eu de récurrence et le chien a retrouvé un comportement normal.
Les auteurs citent un autre cas chez une patiente (1989, publié également dans « The Lancet ») : son chien, non seulement reniflait de manière insistante un grain de beauté sur une jambe, mais aussi tentait de le mordre. La patiente a eu l'idée de consulter un dermatologue, bien que la lésion ne lui paraisse pas suspecte. Bien lui en a pris, car il s'agissait d'un mélanome malin de 1,86 cm d'épaisseur, dont l'ablation a permis d'enrayer l'évolution.
A la suite de cette publication, A. Cognetta, un dermatologue de Floride, a entrepris de dresser un chien schnauzer à reconnaître des lésions de mélanome in vitro, sur des prélèvements qu'il centralisait. Il a emmené son schnauzer pendant ses consultations. Et le chien lui a permis de détecter des lésions qu'il pensait a priori bénignes et qui se sont révélées plus graves.
Alerte à l'hypoglycémie
Le « British Medical Journal » (29-30 décembre 2000, pp. 1565-1566) rapporte l'histoire de trois chiens possédant spontanément un sixième sens qui leur permet de détecter une hypoglycémie chez leur maître diabétique. Candy, chien bâtard de 9 ans, appartient à une maîtresse diabétique de type 1, mal équilibrée, qui a souvent des épisodes d'hypoglycémie. Avant même que sa propriétaire ne ressente quoi que ce soit, elle adopte un comportement stéréotypé : elle se cache et n'accepte d'obéir que lorsque la patiente a pris des hydrates de carbone. Susie, 7 ans, a également une maîtresse diabétique insulinodépendante. Elle adopte un comportement destiné à alerter sa maîtresse : refus de sa friandise favorite, aboiements, refus de sortir de la maison, etc., lorsque l'hypoglycémie se manifeste. Enfin, Natt, golden retriever de 3 ans, est perturbée par les épisodes d'hypoglycémie de sa maîtresse et se met à faire les cent pas, à aboyer et à gratter la nuit à la porte de la chambre.
Ces animaux perçoivent-ils l'odeur de la sueur ou les tremblements musculaires ? Ou une absence de réponse habituelle des maîtres ? Les auteurs ne peuvent répondre. Mais le sixième sens des chiens paraît bien affûté pour détecter les hypoglycémies.
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