Se souvient-on de Candy, Susie et Natt, trois chiens qui, par une sorte de sixième sens, ont senti venir les hypoglycémies de leur maître diabétique, ont donné l'alarme par diverses manifestations et l'ont obligé à manger ? Ces trois histoires surprenantes étaient racontées dans le « British Medical Journal » des 23-30 décembre 2000 (« le Quotidien » du 9 janvier 2001).
Certains chiens pourraient avoir un autre don « médical » : celui de sentir qu'une lésion cutanée est cancéreuse. Dans cette hypothèse étonnante, tout a commencé par une observation rapportée par Williams et Pembroke dans le « Lancet » en 1989 : un chien sent sans arrêt le grain de beauté situé sur la jambe de sa maîtresse ; un jour, il essaye même de le mordre ; cet acharnement du chien conduit la femme à demander un avis médical ; la lésion est enlevée et l'histologie montre qu'il s'agissait d'un mélanome malin mesurant 1,86 mm d'épaisseur.
Petite lésion traînante à la cuisse
Ce sont maintenant John Church et le même Hywell Williams (Nottingham) qui racontent une autre histoire du même acabit dans le « Lancet ». Il s'agit d'un homme de 66 ans qui développe une petite zone arrondie d'« eczéma » à la face externe de sa cuisse gauche. Cette lésion grossit lentement et, au bout de dix-huit ans, mesure moins de 2 cm de diamètre. Quand cette lésion est sèche, elle devient croûteuse et démange le patient. Il est traité par des agents topiques, y compris des corticoïdes et des antifongiques, sans aucun effet.
Un carcinome basocellulaire
En 1994, un labrador, répondant au nom de Parker, arrive au foyer du patient. Il y a environ deux ans, Parker se met à poser son nez, de façon insistante, sur le pantalon de son maître, reniflant la lésion. Ce qui incite le patient à aller voir son médecin de famille. En septembre 2000, la lésion est enlevée ; l'analyse histologique montre qu'il s'agit d'un carcinome basocellulaire. Parker se désintéresse alors totalement de la cuisse de son maître.
« Pour ces deux patients, indiquent les auteurs, les chiens ont pu sentir les lésions à travers les vêtements et ont montré un désintérêt quand les lésions ont été enlevées. »
Mais ce n'est pas fini. Car, ayant vu en 1989 le cas rapporté par William et Pembroke, un dermatologue américain (Floride) a contacté un maître-chien retraité ayant trente-trois ans d'expérience, y compris au Vietnam où il dirigeait la « K9 bomb Unit ». Ensemble, le maître-chien et le dermatologue ont entraîné un chien sniffeur, George, à reconnaître les mélanomes malins en laboratoire. Puis, quand l'apprentissage de George fut terminé, on le présenta à un patient qui avait de multiples grains de beauté considérés comme bénins. Or un des grains de beauté, et un seul, énerva George. On décida donc de l'enlever. Résultat : transformation maligne précoce.
« Bien que ces données soient anecdotiques, nous pensons qu'il faut étudier, par des travaux rigoureux contrôlés, ce phénomène dans lequel quelques chiens semblent capables de détecter les odeurs uniques de certains cancers cutanés. On devrait aussi essayer de savoir s'ils peuvent détecter des odeurs associées à d'autres maladies comme la tuberculose ou le virus Ebola. »
«Lancet » du 15 septembre 2001, p. 930 (lettre).
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