Les chercheurs n'ont toujours pas le moral

Publié le 15/10/2003

Article réservé aux abonnés

1276283049F_Img144847.jpg

Les dirigeants des principaux syndicats de chercheurs (SGEN-CFDT, SNTRS-CGT, SNPTES-UNSA, CJC, SNIRS, SNPCEN, SNCS, SNESup-FSU) estiment que le projet de budget 2004 ne fait que reconduire les crédits de paiement sans compenser les annulations et réductions de 2002 et 2003. La ministre de la Recherche, Claudie Haigneré, avait annoncé un budget 2004 en hausse de 2,2 % à périmètre constant (« le Quotidien » du 29 septembre).

Après la suppression de 150 emplois de chercheurs l'an dernier, l'emploi scientifique « est à nouveau sacrifié », indiquent les syndicats de chercheurs qui dénoncent le remplacement de 550 postes de titulaires en CDD de trois à cinq ans. Cette décision met en danger « le statut des chercheurs et la pérennité des laboratoires, s'insurgent-ils. On privilégie une culture de projets à courte vue, assujettie aux finalités du secteur marchand, étouffant la recherche fondamentale et indépendante ». Les syndicats regrettent que les organismes publics de recherche soient désormais assujettis aux priorités gouvernementales et européennes.
« Le principal problème, qui concerne d'ailleurs toute l'Europe, est d'attirer les jeunes vers des carrières scientifiques. De ce point de vue, la France, qui était dans une bonne position, connaît une situation désastreuse depuis dix ans. Aujourd'hui, on transforme des postes stables en postes précaires et mal payés. On en arrive à la notion de chercheur jetable », s'indigne Jacques Fossey, secrétaire général du SNCS-FSU.
« Fait sans précédent, le projet de budget ne prévoit aucune création d'emploi d'enseignant dans le supérieur », s'alarme de son côté Pierre Duharcourt, représentant du SNESup-FSU.
Jean Kister, du SNTRS-CGT de l'INSERM, souligne de son côté que, cette année encore, « les organismes devront puiser dans leurs fonds de roulement. A travers les problèmes de budget, ce sont des problèmes de structures fondamentaux qui sont posés ». L'IRM (imagerie à résonance magnétique), récompensée cette année par le prix Nobel de médecine, « n'a été possible qu'après de longues années de recherche en physique. Quand on est CDD, on ne fait pas la même recherche que lorsqu'on est titulaire », rappelle Jean Kister.
Les chercheurs doivent manifester le mois prochain. L'Assemblée nationale a commencé cette semaine la discussion du projet de budget 2004.