DEPUIS le mois de janvier, le gouvernement est aux prises avec les chercheurs, qui dénoncent l'asphyxie financière des laboratoires et le manque de perspectives offert aux jeunes. Le principal cheval de bataille des chercheurs porte sur la transformation, dans le budget 2004, de 550 postes statutaires en emplois contractuels. « Il y a un problème spécifique », celui de « la répartition des postes entre statutaires et contractuels », a reconnu Jacques Chirac lors de son discours télévisé, la semaine dernière. « J'ai demandé au gouvernement de (le) réexaminer », et il « sera réglé », a-t-il indiqué.
Pour Alain Trautmann, porte-parole du collectif Sauvons la recherche, le discours de Jacques Chirac a valeur d'engagement : « Nous voulons maintenant une réponse chiffrée qui corresponde à notre demande », soit 550 postes de chercheur et plusieurs centaines de postes d'universités. Le 9 mars dernier, plusieurs milliers de responsables de laboratoire ont symboliquement démissionné de leurs fonctions administratives.
La mobilisation des chercheurs, peu enclins d'ordinaire à descendre dans la rue, est historique. Il y a un « vrai problème lié à deux raisons, a expliqué le chef de l'Etat : les contraintes budgétaires et l'insuffisance de croissance ». « J'avais indiqué dès 2002 que la recherche est le moteur principal de la croissance et de l'avenir, et qu'il fallait que la France parvienne à affecter l'équivalent de 3 % de son produit intérieur brut à la recherche nationale avant 2010 », a-t-il rappelé, tout en constatant que le gouvernement avait pris « du retard dans ce domaine ». Prévoir les moyens nécessaires pour les années qui viennent, c'est l'objet de la grande loi d'orientation et de programmation promise par le chef de l'Etat avant la fin de l'année. Les chercheurs comptent sur l'organisation d'états généraux de la recherche pour faire valoir leur point de vue.
Des dossiers difficiles.
François Fillon, ministre de l'Education nationale et de la Recherche, et François d'Aubert, ministre délégué à la Recherche, devront s'atteler à la tâche. « Nous allons travailler à ce qu'il y ait encore plus une stratégie pour la recherche », a déclaré François d'Aubert, lors de la cérémonie formelle de passation de pouvoirs avec Claudie Haigneré, nommée, quant à elle, aux Affaires européennes.
Secrétaire d'Etat à la Recherche de 1995 à 1997 dans le gouvernement d'Alain Juppé, François d'Aubert a reconnu qu'il héritait de « dossiers difficiles », dans un secteur où il y a « des adaptations à faire ». « Mais la science est un domaine où les choses doivent pouvoir changer », a-t-il estimé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature