LENTEMENT MAIS sûrement, le trompettiste et bugliste, compositeur sarde, Paolo Fresu s'impose, non seulement sur la scène du jazz européen, mais aussi dans la galaxie des as du piston international. Né en 1961, l'instrumentiste est considéré comme une sorte de poète à la sonorité particulièrement délicate et feutrée. Influencé par la plupart des trompettistes américains contemporains (Miles Davis, Chet Baker, etc.) et par son compatriote Enrico Rava, il aime évoluer dans diverses géométries musicales, comme le prouve son actualité phonographique récente où il s'exprime en trio et en quartette.
Pour le CD « Mare Nostrum » (Act/Harmonia Mundi), il est rejoint par l'accordéoniste et bandonéoniste français Richard Galliano et le pianiste suédois Jan Lundgren. Ce trio original – sans basse, ni batterie – délivre ainsi une musique étonnamment variée, dans laquelle se mélangent un hommage à Charles Trénet et au poète turc Nazim Hikmet, des standards brésiliens de Tom Jobim et Vinicius de Moraes, des airs du folklore suédois, un clin d'oeil à Maurice Ravel et des compositions personnelles. Bref, l'« European Touch » à découvrir (1).
Dans son second CD, « Stanley Music » (Blue Note/EMI), Paolo Fresu retrouve un quartette plus jazzy, avec Bebo Ferrara (guitare), Paolino Dalla Porta (contrebasse) et Stefano Bagnoli (batterie). En référence à un séjour en Nouvelle-Calédonie à l'hôtel Stanley, les quatre compères ont écrit cette musique originale qui est avant tout un autre mélange entre le jazz, le rock, la pop, le tango, la world music, le funk, etc. Ou comment savoir raconter une histoire en musique et être capable d'un peu d'humour dans un monde de plus en plus anxiogène.
Formule 1 et patrimoine.
Le trompettiste-bugliste et compositeur Jan Schumacher vient d'Allemagne. Natif de Hambourg, il dirige son propre quartette depuis près de dix ans tout en travaillant dans des grands orchestres, des groupes de funk et en écrivant des spectacles musicaux. A la tête de sa formation – Richard Turegano (piano), Mauro Gargano (contrebasse) et Giuseppe La Pusata (batterie), plus quelques invités comme Gregsky (saxophoniste soprano) et Gueorgui Kornazov (trombone) – le leader vient d'enregistrer « Windstille » (Cristal Records/Abeille Musique) qui est un disque de jazz acoustique relativement épuré. On y retrouve tous les ingrédients utilisés par les trompettistes actuels, à savoir des phrases à la fois très ponctuées mais courtes, un style modal propice aux improvisations et l'indispensable métissage musical. Pas vraiment audacieux mais avec de belles envolées lyriques (2).
Le trompettiste français Nicolas Folmer est un des piliers du « Paris Jazz Big Band », dont il est l'un des cofondateurs avec Pierre Bertrand. Plusieurs fois récompensé pour son talent et son style (Django d'or, Victoires de la musique), le jeune homme âgé de 31 ans, vient de rendre hommage à la musique de Michel Legrand dans son dernier opus, « Nicolas Folmer Plays Michel Legrand » (Cristal Records/ Abeille Musique). Onze titres choisis dans l'impressionnant répertoire du compositeur, dont certains sont devenus de véritables tubes, qui permettent au leader et à ses acolytes, et à Michel Legrand (piano/ chant) invité sur deux morceaux, de faire swinguer et revisiter avec talent un des patrimoines de la musique française vivante.
(1) Paris – Salle Gaveau – 17 mars.
(2) Paris – Sunset – 28 février.
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