LA QUASI-TOTALITÉ (21 sur 23) des chefs de service du centre hospitalier de Tulle, en Corrèze, ont présenté vendredi leur démission de leurs fonctions administratives, afin de protester contre les mauvaises relations qui opposent de longue date leur établissement à l'agence régionale d'hospitalisation (ARH) du Limousin.
« Chaque projet visant à développer l'activité est systématiquement retardé, sinon bloqué pour des raisons qui nous échappent », dénoncent les médecins dans un courrier adressé au ministre de la Santé. Le directeur de l'agence, sollicité par « le Quotidien », n'a pas souhaité commenter les faits, s'estimant tenu au devoir de réserve à cause des élections.
Le chef des urgences de Tulle explique que depuis le rejet par l'agence, il y a cinq ans, du projet d'établissement concocté par les médecins, au motif qu'il ne développait pas suffisamment les coopérations avec l'hôpital voisin de Brive, son hôpital fonctionne « au coup par coup, sans contrat d'objectifs et de moyens ». « Ça n'est plus possible pour nous de continuer à travailler ainsi, sans savoir où l'on va », poursuit le Dr Arnaud Collignon.
Le président de la CME, le Dr Jacques Demange, chef du service d'anesthésie, résume le souhait de ses confrères : « Nous sommes en train d'écrire un nouveau projet d'établissement. L'ARH doit s'exprimer et nous donner un projet clair à propos de notre activité MCO, car nous ne pouvons rien prévoir si nous ignorons quelles spécialités vont être maintenues. »
Samedi, les chefs de service démissionnaires ont rencontré le directeur de l'ARH pour essayer de lui faire comprendre leurs difficultés. « On a senti une véritable attention de sa part, rapporte le chef des urgences. Mais on n'a eu aucune réponse à court et à moyen terme » à propos du manque de moyens financiers et humains.
Le Dr Collignon rappelle qu'il y a quinze ans, l'hôpital comptait 35 internes. Aujourd'hui, ils ne sont plus que huit. « Plus de vingt médecins en moins, c'est un travail considérable qui retombe sur les praticiens », dit-il, critiquant également les fermetures de lits, non compatibles, selon lui, avec la forte densité en personnes âgées de la région. Ainsi, « en gastro, les deux médecins se voient obligés chaque jour d'aller voir une dizaine de leurs malades placés ailleurs dans l'établissement, c'est infaisable », raconte le chef des urgences.
Dans leur courrier, les chefs de service font à regret le constat suivant : « Quand les projets aboutissent, ils sont plus favorisés par des interventions extérieures que par la bonne volonté de nos tutelles. »
Deux ans pour créer un poste.
Le Dr Collignon confirme l'importance des élus locaux avec l'exemple suivant : « Ça a été une bataille sans nom auprès de l'ARH pour obtenir un deuxième poste d'urologue ! Le poste, attribué par Bernard Kouchner après l'intervention de François Hollande (député maire de Tulle, et Premier secrétaire du PS) , a été remis en cause après le changement de gouvernement. Il a fallu une seconde intervention de Bernadette Chirac (conseillère générale du canton) auprès de Jean-François Mattei pour qu'il soit créé. Au total, ça aura pris deux ans ! »
Les médecins hospitaliers tullistes veulent à nouveau rencontrer l'ARH ces jours-ci afin d'être fixés sur l'avenir de leur établissement pour les cinq prochaines années.
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