Les chefs de service de l'AP-HP de plus en plus inquiets

Publié le 04/03/2004
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LE Pr ANDRÉ GRIMALDI, chef du service de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, n'a pas accepté la suppression programmée en avril de 50 postes d'interne en Ile-de-France (« le Quotidien » du 18 février 2004).
Une décision adoptée en février par la commission de répartition réunie sous l'égide de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass) et à laquelle siégeaient des représentants des doyens, de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), de l'Union hospitalière d'Ile-de-France (Uhrif) et des internes. Avec vingt-cinq autres chefs de service de l'AP-HP responsables de la formation des internes dont il est le porte-parole, le Pr Grimaldi a demandé aux ministres de la Santé et de l'Education nationale de prendre une mesure urgente et exceptionnelle pour que ces postes d'interne puissent être remis au choix des étudiants en novembre 2004. « Si cette mesure n'était pas adoptée, nous donnerions notre démission collective de nos fonctions de coordonnation », préviennent-ils dans une lettre adressée le 24 février à Jean-François Mattei et à Luc Ferry.
En clair, les chefs de service menacent de se détacher de leur responsabilité de formation des internes.
Depuis plusieurs mois, le Pr Grimaldi alerte l'opinion sur la « pénurie absolue » de médecins et d'internes que rencontrent les hôpitaux parisiens. En octobre, dans une missive adressée à Jean-François Mattei et signée par 185 professeurs de médecine de l'AP-HP, le diabétologue s'inquiétait des effets de la baisse du numerus clausus au milieu des années 1990 : « En dix ans, le nombre d'internes parisiens a chuté de 50 %. » Aussi cette nouvelle diminution de 7 % du nombre de postes d'interne en Ile-de-France est, selon lui, « inadmissible ». Toutes les spécialités sont amputées de quelques postes : la radiologie perd six postes, la cardiologie cinq, la pédiatrie quatre. « Ce n'est pas seulement un mauvais moment à passer comme on nous l'a annoncé, insiste le Pr Grimaldi. La situation est grave et est très mal vécue par les chefs de service de l'AP-HP. Si le service public n'est pas mieux défendu, certains iront au bout de leur raisonnement et démissionneront. »

Le soutien des internes.

Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris (Sihp) a indiqué qu'il soutenait les signataires de la lettre. Pour son vice-président, Thomas Gregory, cette « fermeture aveugle de postes » ne se justifie en rien et s'effectue au mépris des contraintes de fonctionnement des services concernés. « Dans un service de 70 lits qui compte 4 internes, le départ de l'un d'eux aura des répercussions évidentes sur le travail des autres », souligne-t-il. Le Sihp craint également que les postes fermés ne soient pas rouverts et que les budgets qui leur étaient attribués ne s'évanouissent à jamais. « La Drass et l'administration de l'AP-HP n'ont pas anticipé l'augmentation du nombre de postes ouverts en novembre prochain, regrette Thomas Gregory. Cette vision économique à court terme risque fort de sacrifier la qualité des soins. »
Les chefs de service espèrent être rapidement entendus. Le Pr Grimaldi a indiqué qu'il serait reçu par le ministère de l'Rducation le 19 mars, mais il est toujours sans réponse du ministère de la Santé.

> CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7492