VOILA une vingtaine d’années que le pianiste Michel Sardaby n’avait pas gravé de disque en France. Pour son retour phonographique, le désormais septuagénaire frappe fort, avec la parution d’un double CD, « Night in Paris » (Paris Jazz Corner/Universal Music Jazz), enregistré en direct en trio dans le club L’Archipel, le 21 avril 2005, afin de célébrer conjointement le 70e anniversaire du leader et celui de la doyenne des revues de jazz en France, « Jazz Hot ».
Né à Fort-de-France en 1935, Michel Sardaby s’installe à Paris au milieu des années 1950 et fréquente le gratin des jazzmen et des bluesmen américains de passage dans la capitale. Lors de son séjour aux Etats-Unis dans les années 1970, il enregistre notamment avec le regretté Ray Barretto, les bassistes Percy Heath et Ron Carter, avant de retrouver la France, pour des concerts avec Guy Lafitte et Chet Baker. Cette carte de visite chargée a toujours fait de lui un pianiste très recherché, pour son sens de la mélodie, de l’harmonie, et de sa très grande connaissance des standards.
A l’exception de deux compositions personnelles, ce sont d’ailleurs des classiques qui composent l’essentiel de sa dernière production, avec des thèmes écrits par Miles Davis, Thelonious Monk, les frères Gershwin ou Billy Strayhorn. Un choix de répertoire ad hoc permettant à ce grand monsieur du piano d’enchaîner des phrasés et des improvisations d’une subtile richesse. Absolument réconfortant.
Très remarqué ces dernières années pour son travail aux côtés des frères Belmondo et de l’accordéoniste Daniel Mille, le pianiste belge d’origine italienne Eric Legnini, 35 ans, sort enfin de l’ombre, avec la parution d’un nouvel album comme leader, « Miss Soul » (Label Bleu). Influencé par des aînés comme Kenny Kirkland et Herbie Hancock, il gagne ses premiers galons à partir des années 1990, au sein d’un quintette résolument néo-hard-bop, articulé autour de deux jazzmen transalpins, le trompettiste Flavio Boltro et le saxophoniste Stefano Di Battista. Après dix ans passés en leur compagnie, il est sollicité par Eric Le Lann, Enrico Rava, Joe Lovano et Aldo Romano, avant de travailler comme directeur artistique pour l’ultime enregistrement de Claude Nougaro, « la Note bleue » (Blue Note/EMI), paru en 2004. « Miss Soul » mélange aussi bien des compositions originales du pianiste que des standards de Keith Jarrett, Phineas Newborn, Clifford Brown, Duke Ellington, et un titre de la chanteuse Björk. Le tout débouchant sur une approche très raffinée et généreuse du piano au service d’un musicien agréablement séduisant.
Le trio Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse) et Eric Champard (batterie) compose l’ossature rythmique du MegaOctet, une grande formation française à géométrie variable dirigée depuis quelques années par Andy Emler. Pianiste et compositeur innovant, celui-ci s’attache depuis longtemps à explorer, voire à réinventer, les principes du jazz improvisé et à en repousser les frontières.
« A quelle distance sommes-nous ? » (In Circum Girum/Socadisc), le nouveau disque du leader et de ses acolytes pose parfaitement la question, à savoir, où se trouve aujourd’hui le jazz contemporain, entre une certaine liberté surveillée et une audace créatrice débridée. Une partie de la réponse est contenue dans les sept compositions de l’album. L’autre est à découvrir en live (1), qui est l’épreuve de vérité pour tous.
(1) Paris – Sunside (01.40.26.46.60, www.sunset-sunside.com), les 3 et 4 mars, 21 h.
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