De plus en plus fréquentes, les infections à gonocoques sont aussi de moins sensibles aux antiobiotiques. Dans le BEH publié ce jour, Guy La Ruche et col. confirment la montée en puissance des gonococcies et s’inquiètent de l’émergence de souches résistantes y compris aux céphalosporines de 3ème génération (C3G).
4 fois plus de résistances en 1 an
Entre 2001 et 2012, « la proportion de souches résistantes a fluctué autour de 13% pour la pénicilline, et a augmenté et est restée élevée autour de 42% pour la ciprofloxacine » résume le BEH. Surtout, la proportion de souches résistantes pour le céfixime « a quadruplé entre 2011 (0,7%) et 2012 (3,0% ; p<0,001)», alertent les auteurs. De plus, en 2010, « 2 souches avaient une CMI de la ceftriaxone ›0,125 mg/L ». Longtemps épargnées, les C3G n’échappent donc plus complètement aux phénomènes de résistances, alors même qu’elles constituent depuis près de 10 ans, le traitement minute de première intention recommandé dans les gonococcies urogénitales non compliquées.
Les recommandations de l’Agence française du médicament publiées en 2005 et réitérées en 2008 font en effet table rase – ou presque- des fluoroquinolones, privilégiées jusque-là, et placent la ceftriaxone (500 mg en une injection unique) en première intention, et le céfixime en seconde intention (400 mg en une prise orale unique), en cas de refus ou d’impossibilité de traitement parentéral.
Des recos plus que jamais d’actualité
Pour les auteurs, les nouvelles données de surveillance publiées aujourd’hui et le caractère encore très exceptionnel des résistances à la ceftriaxone confortent le bien fondé de ces guidelines. Or « l’augmentation de la résistance du gonocoque au céfixime observée en France suggère que des cliniciens continueraient de prescrire ce médicament en première intention, estiment les auteurs. Une enquête réalisée en 2008 auprès des médecins généralistes du Réseau Sentinelles® avait montré que seule une minorité de prescripteurs connaissait la recommandation faite en 2005 d’abandonner la ciprofloxacine au profit des C3G. Par analogie, on peut supposer qu’en 2012 les médecins n’appliquaient pas suffisamment la recommandation réitérée en 2008 »
Impasse thérapeutique
Quoi qu’il en soit, « l’émergence de résistances aux C3G est extrêmement préoccupante dans la mesure où elles représentent la dernière ligne de traitement, sans alternatives thérapeutiques actuellement crédibles » alertent les auteurs.
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