DOYENS, PRÉSIDENTS DE CME et directeurs généraux de CHU posent plusieurs conditions restrictives à l'ouverture de stages d'internat dans les établissements privés lucratifs. Ils souhaitent que les missions d'enseignement et de recherche ne pouvant être réalisées dans les CHU soient prioritairement assurées par les centres hospitaliers généraux (CHG).
Dans une lettre à Gérard Larcher, les conférences des trois composantes des CHU rappellent que l'enseignement et la recherche sont deux «missions de service public confiées par la loi Debré aux CHU» depuis 1958. Ils ont conscience que l'augmentation du numerus clausus rendra «nécessaire dans les dix à quinzeans à venir d'augmenter le nombre de terrains de stages pour les étudiants et les internes». De même, ils reconnaissent que les évolutions de la science médicale et des conditions d'exercice exigeront d'ouvrir de nouveaux types de terrains de stages (en cancérologie, médecine générale...). Les responsables des CHU estiment qu'il faudra élargir «leur champ de formation pratique et de recherche clinique».
Mais ils demandent que cet élargissement profite en priorité aux établissements publics. «Le rapport Larcher constitue une avancée importante pour les cliniques car il ouvre la possibilité de signer des conventions de stage avec des établissements privés, affirme le Pr Christian Thuillez, président de la Conférence des doyens . Mais les établissements publics, CHU et CHG, resteront prioritaires.»
Recours ultime.
Ainsi, les responsables des facultés demandent de n'ouvrir des agréments à des établissements privés que si la formation concernée n'est pas réalisable dans le secteur public. Des problèmes se posent dans certains CHU pour enseigner la chirurgie du genou ou de la main, la proctologie…
Pour Paul Castel, président de la conférence des directeurs généraux des CHU, la dimension de «service public» doit rester primordiale et la participation des établissements privés à la formation être un «recours ultime». «La priorité est d'optimiser les capacités de formation des établissements publics car la délivrance des diplômes pose problème», affirme Paul Castel. Doyens, présidents de CME et directeurs généraux prônent le «renforcement des procédures d'agrément», même si «les conditions seront les mêmes pour les établissements privés que pour les CHU», assure le Pr Christian Thuillez.
Un cahier des charges rigoureux.
Les responsables de la structure demandeuse d'un agrément devront répondre à un cahier des charges rigoureux. Le dossier comprendra un questionnaire mentionnant les compétences du clinicien mais aussi la qualité de l'encadrement et l'activité de la structure d'accueil qui souhaite être terrain de stage. Les demandes devront s'inscrire dans un projet pédagogique et satisfaire aux objectifs de la maquette de la spécialité. Le stage fera l'objet d'un rapport établi après une visite du site et un avis du coordinateur interrégional. Les représentants des CHU souhaitent que l'agrément soit accordé pour une durée limitée. «Ces stages doivent apporter un plus pour les internes», confie Christian Thuillez. Si les cliniques privées font le forcing pour se faire connaître des étudiants (voir ci-dessus), les établissements publics ne sont pas en reste. La Fédération des hôpitaux de France (FHF) prépare une campagne de communication pour sensibiliser les étudiants au service public. Un sondage sur les attentes des médecins en formation (2e et 3e cycles) est attendu dans le courant de l'année. Une conférence nationale devrait ensuite être organisée pour présenter les conclusions de ce sondage. Des propositions devraient être annoncées par la même occasion pour renforcer l'attractivité du métier de praticien hospitalier. «Nous avons plusieurs arguments à mettre en avant, estime le Pr Alain Destée, président de la conférence des CME des CHU : la triple activité de soins, d'enseignement et de recherche, la permanence des soins moins contraignante dans le public, le travail en équipe...» L'opération séduction ne fait que commencer.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature