Lancé il y a quatre ans sous la forme d’une start-up qui avait provoqué quelques remous dans la profession, avec sa promesse de bilans de la vue en moins de 48 heures aux tarifs opposables, le groupe Point Vision est en passe de réussir son pari.
Côté usagers, la mayonnaise prend : le Dr François Pelen, ophtalmologiste et cofondateur du projet, présentera aujourd’hui une étude (1) auprès de patients ayant consulté dans l’un des sept centres Point Vision (Paris la Madeleine, Lyon, Bordeaux, La Défense, Paris Est, Aubagne et Poitiers). Les résultats sont prometteurs. Le modèle fondé sur la délégation de tâches systématique aux orthoptistes (interrogatoire, mesures et réfraction avant de confier le patient à un ophtalmologiste) est jugé novateur (82 %) et appréciable (93 %). Alors que la consultation d’un ophtalmo relève du casse-tête (111 jours d’attente moyenne en libéral, 81 jours à l’hôpital selon une récente enquête Jalma/Ifop), les patients saluent la rapidité de rendez-vous (29 %), sa facilité (22 %), la prise en charge complète (18%). Selon ce même sondage, seule une petite minorité de patients (7 %) estiment que le concept Point Vision est « moins bien » qu’une consultation classique auprès d’un ophtalmo isolé (62 % le trouvent mieux et 31 % aussi bien). « Ces scores sont flatteurs, se réjouit le Dr François Pelen. Ils confortent les enquêtes de satisfaction que nous réalisons ».
Le SNOF partagé
Point Vision affiche ses ambitions. Si le groupe a bâti sa réputation sur les bilans oculaires et renouvellements (lunettes et lentilles) dans des délais rapides aux tarifs Sécu, le réseau s’est étoffé à la chirurgie réfractive et de la cataracte (avec possibilité de secteur II). Il vient de lever 10 millions d’euros afin d’accroître son implantation (encadré). Alors que la demande de soins oculaires progresse au rythme de 3 % par an, la décrue régulière des effectifs dans la spécialité (environ 4 % par an) crée un environnement a priori favorable pour le développement de tels centres intégrés.
Paradoxalement, Point Vision pourrait être victime de son succès. Il communique aujourd’hui sur la garantie de délais « raisonnables ». Cela signifie des consultations obtenues « dans la semaine, sauf à Lyon et Poitiers », précise le Dr Pelen. Dans ces deux villes, l’attente peut déjà atteindre deux à trois mois en raison d’une forte demande ou de difficulté à recruter des médecins.
Joint par le « Quotidien », le Dr Jean-Bernard Rottier, ex-président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), reste partagé sur ce dossier délicat. « Côté positif, ces centres organisent le travail des ophtalmologistes et recrutent des médecins sur le départ, argumente-t-il. Mais les confrères sont soucieux de la capacité de ce groupe à faire sa publicité et du poids des investisseurs. Que se passera-t-il si, demain, ils exigent des optométristes pour être plus rentables ? ».
Le Dr François Pelen met en avant la réponse à un besoin de santé publique. « Lorsque Point Vision arrive dans une ville, ça remue un peu. Mais notre action contribue à réduire les délais d’attente et permet de maintenir la réfraction dans le périmètre des ophtalmologistes à l’heure où certains veulent imposer des optométristes. Si on ne fait rien, d’autres le feront ».
(1) Enquête nationale réalisée sur Internet par Yssup Research (Publicis) auprès de 393 patients
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