TROUVER des solutions pour défendre le droit des patients à «l'accès à une médecine sociale, humaine et de qualité». « Assurer la pérennité» des centres de santé. Tels sont les grands objectifs du 47e Congrès national des centres de santé (Cncs) qui se tient jusqu'à ce soir, à la faculté de médecine Xavier-Bichat, à Paris. «Le Cncs s'adresse à l'ensemble du mouvement des centres de santé (municipaux, mutualistes, associatifs...) . Nous avons souhaité réunir tous les acteurs de ces centres: professionnels de santé mais aussi personnel administratif et gestionnaires», indique le Dr Eric May, président de l'Usmcs (Union syndiale des médecins de centres de santé)et coorganisateur du congrès. Une manifestation qui est aussi un moment privilégié d'échange du monde des centres de santé avec d'autres acteurs, qu'ils viennent de la médecine libérale ou hospitalière, qu'ils soient élus, représentants associatifs... Depuis l'année dernière, l'Usmcs a orienté son congrès vers le service aux professionnels de santé et plus particulièrement, aux médecins, dentistes, kinésithérapeutes et infirmiers, en mettant l'accent sur l'information et la formation. L'édition 2007 du Cncs traite par exemple, dans son volet FMC, de l'allergie de l'enfant, de l'hypersomnie diurne et des troubles du sommeil. Ou encore, des pathologies chroniques de l'épaule. Sont également présentés les résultats d'une grande enquête sur le dépistage en consultation des violence faites aux femmes – menée à l'initiative du réseau Victimo et du Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste au centre municipal de santé (CMS) de Romainville (Seine-Saint-Denis).
« Opposition frontale » aux franchises.
Le congrès sera aussi l'occasion de débattre des projets de réformes en matière de santé. Et notamment, des franchises médicales prévues dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) 2008. Dès le 1er janvier prochain, si ce texte est voté par le Parlement, les patients devront débourser 50 centimes d'euro par boîte de médicament et par acte paramédical, 2 euros par transport sanitaire. Un forfait plafonné à 50 euros par an. «Tout ce que l'on pressentait est malheureusement confirmé. Le message du gouvernement est clair. Il ne s'agit plus de sauver la Sécurité sociale et l'assurance-maladie. Mais de la démanteler à terme et d'y substituer des pratiques d'assurances privées, individuelles. Dans ces conditions, qu'adviendra-t-il de l'accès aux soins de qualité pour tous? Comment les centres de santé pratiquant le tiers payant, accueillant tout le monde, souvent les plus démunis, vont-ils pouvoir survivre? Et à quel prix?», se demande le Dr May. L'Uscms, qui prône depuis toujours la pratique d'une médecine sociale au service de tous, s'oppose ainsi «frontalement» au systèmes des franchises. «Ces mesures indignes s'ajoutent aux nombreuses mesures sanctions prises contre les patients. Elles les stigmatisent et les culpabilisent. Nous sommes en cours de réflexion pour rejoindre le Collectif contre les franchises», précise le Dr May. Hier, à l'ouverture du congrès, une table ronde – réunissant des représentants de la médecine libérale, du monde associatif, des élus, et des gestionnaires de centres de santé – était ainsi centrée sur l'analyse des conséquences des réformes. Et sur les diverses solutions «de défense d'une médecine de qualité accessible à tous».
Le Dr Bénédicte Piketty, médecin généraliste au centre de santé de Montreuil et coorganisatrice du congrès, évoque, elle aussi, une difficulté croissante d'accès aux soins. «Nous sommes très inquiets: nous voyons, de moins en moins, en consultation les patients les plus démunis. Car ils n'obtiennent pas d'AME [aide médicale d'Etat]. Les sans-papiers, mais aussi ceux qui n'ont pas droit à la CMU et n'ont pas les moyens de s'offrir une mutuelle, sont dans une grande difficulté. Avec les nouvelles franchises, leur situation deviendra dramatique. Nous sommes déjà parfois obligés de pratiquer la gratuité des soins.» Autre problème soulevé par le Dr Piketty, celui des Pass (permanences d'accès aux soins de santé, qui permettent de soigner à l'hôpital ceux qui n'ont pas de couverture médicale). «La Pass n'est pas assez utilisée par les hôpitaux», déplore-t-elle. Partageant ce point de vue, le Dr May est bien décidé à «combattre le sabordage du système de santé français». Et à trouver des solutions «pour un meilleur accès aux soins des patients».
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