Pour le Dr Roseline Duclos, dans la Sarthe, si les centres de lutte contre la douleur fonctionnent bien dans les petites structures, ce n'est pas le cas au centre hospitalier du Mans.
La mise en place des référents, même en utilisant les infirmières ayant un DU douleur, n'a pas été possible en raison de l'absence de financement. Le lien que ces référents devraient avoir avec les services de soins et la structure douleur n'existent pas. Pour que les CLUD soient utiles, leur création doit être obligatoire. Elle relève d'une volonté « politique » de l'établissement - impliquant tous les professionnels (médecins, infirmiers, aide-soignants et administratifs) - d'améliorer la prise en charge de la douleur.
A Paris, à l'AP-HP, la position du directeur général, Antoine Durrleman, est claire et la création des CLUD est obligatoire. Etre soutenu par la direction est un point très positif qui permet d'avoir une position officielle pour analyser les dysfonctionnements et proposer des solutions.
Le Dr François Boureau et le Dr Alain Serrie s'accordent à le dire. Pour eux, le CLUD est un outil extraordinaire pour harmoniser des pratiques qui sont extrêmement disparates selon les services. Mais il n'a pas mission de mettre en œuvre directement les soins. Cette mise en œuvre quotidienne doit être relayée au niveau des services. C'est là que se trouve la difficulté car la notion de référent douleur pose problème. Il y a beaucoup d'infirmières qui ont fait le DU douleur et travaillent pour faire avancer les objectifs du CLUD. Elles pourraient être référents mais leur hiérarchie n'identifie pas leur compétence pour leur donner ce rôle.
Les CLUD et les réseaux sont très importants pour permettre la continuité des soins entre l'hôpital et le domicile. Ils sont là pour harmoniser les pratiques autour de réflexions communes et permettent de demander conseil en cas de difficulté. Or, pour le Dr Boureau, ce paramètre est déterminant dans le confort du patient. Il y a une obligation éthique à s'occuper de la douleur.
Ce qui est intéressant, pour le Dr Serrie, « c'est l'ouverture que crée le CLUD au sein de l'établissement. Il permet aux personnes de se rencontrer, de faire l'état des lieux, de dialoguer et de réfléchir ensemble pour élaborer des protocoles ». Le CLUD a pour vocation entre autres, d'harmoniser, de faire connaître et de diffuser l'information.
L'intérêt des réseaux
Le Dr Francis Diez est le seul médecin libéral de cette table ronde. Il est urgentiste et fait partie de deux réseaux : le LCD (lutte contre la douleur, réseau douleur ville-hôpital, hôpital Saint-Antoine) et le réseau Quiétude (réseau soins palliatifs ville-hôpital). Cet engagement relève de la nécessité d'assurer la continuité de la prise en charge lorsque les patients hospitalisés rentrent chez eux. Ce système de réseaux fonctionne bien et permet une prise en charge pluridisciplinaire utilisant toutes les compétences. Le réseau Quiétude, associé au hôpitaux Cochin-Curie-Hôtel-Dieu permet de disposer en permanence du dossier médical informatisé et d'un médecin de soins palliatifs d'astreinte la nuit et le week-end. Le but est d'avoir des soins à domicile de meilleure qualité et le plus longtemps possible. Ce réseau est fondé sur le volontariat et tous les intervenants (urgentistes, généralistes, infirmières, psychologues) ont suivi une formation douleur et soins palliatifs.
C'est Antoine Durrleman qui apporte la conclusion de cette table ronde : « Prendre en charge la douleur, c'est positionner l'hôpital de façon différente : l'hôpital est au service de la personne. Ce qui est important, c'est de considérer la personne malade. La prise en charge de la douleur est une utopie concrète. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature