C E prix a été créé par M. Pierre Mayent en hommage à son épouse afin de récompenser des chercheurs pour une découverte effectuée dans un laboratoire européen susceptible d'apporter des avancées dans le domaine du diagnostic, du traitement ou de la prévention du cancer.
Dans le domaine de l'immunothérapie, plusieurs pistes sont explorées, parmi lesquelles celle visant la compréhension des mécanismes impliqués dans la reconnaissance des cellules tumorales par les cellules NK (Natural Killer) et dans le contrôle de leur activité.
Il s'agit d'un principe nouveau dans le fonctionnement du système immunitaire : en effet, les travaux des lauréats ont permis de battre en brèche l'idée selon laquelle le système ne connaissait les cellules anormales que si elles portaient des antigènes anormaux. Il existe donc une différence entre les lymphocytes T et les cellules NK en ce qui concerne l'analyse des protéines du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), présentes à la surface de toutes cellules normales d'un organisme. Certes, les lymphocytes T reconnaissent des molécules du CMH signalant l'anormalité des cellules cancéreuses ; toutefois, elles sont incapables de les détecter et de les détruire puisqu'une grande partie présente un défaut d'expression des molécules du CMH pouvant aller jusqu'à une absence totale. Alors que les cellules NK reconnaissent et détruisent toutes les cellules qui ont perdu l'expression des molécules normales. Ce mécanisme dépend de l'engagement simultané de deux types de récepteurs : les récepteurs inhibiteurs intitulés KIR (Killer Inhibitory Receptors) et les récepteurs activateurs appelés NCR (Natural Cytotoxicity Receptors).
L'inhibiteur allumé et l'activateur éteint
Lorsque la cellule porte des molécules du CMH normales, elle est reconnue par un récepteur inhibiteur qui est « allumé », alors qu'un récepteur activateur est « éteint » ; par conséquent, l'activation de la cellule NK est bloquée. En revanche, si la cellule n'exprime pas des molécules normales du CMH, le feu vert est donné à l'activité cytotoxique de la cellule NK. Par ailleurs, il est apparu que ce mécanisme inhibiteur est utilisé par de nombreuses autres cellules du système immunitaire.
Stopper la prolifération des cellules tumorales
A l'heure actuelle, Lorenzo et Alessandro Moretta poursuivent l'étude moléculaire des mécanismes de reconnaissance des molécules du CMH par les cellules NK, avec l'espoir de pouvoir mettre au point des armes efficaces capables de stopper la prolifération de cellules tumorales.
On sait qu'il y a bien une composante immunitaire possible dans l'exploitation d'une réponse thérapeutique, mais, pour le moment, l'immunothérapie reste au stade expérimental, étant donné que ne nous ne connaissons pas encore toute la complexité du système immunitaire. « Les tentatives de vaccination thérapeutique contre certains antigènes spécifiques des cellules cancéreuses montrent qu'il n'y pas de toxicité, ce qui va nous permettre des essais au stade plus précoce des cancers. Pour une maladie aussi subtile, les modèles animaux montrent leurs limites et il va falloir entreprendre des études cliniques très affinées chez l'homme, avec une collaboration très étroite entre les cliniciens, les immunologistes et les généticiens », note le Pr Thierry Boon (université de Louvain, Belgique), membre du Conseil scientifique de l'Institut Curie.
D'autres progrès se dessinent à l'horizon grâce aux études des lauréats, à savoir de nouvelles possibilités thérapeutiques pour contrôler le système immunitaire à la suite de greffes de moelle osseuse pratiquées pour traiter les leucémies, ainsi que de meilleures connaissances sur les réactions aux infections virales et sur les maladies auto-immunes.
Conférence de presse organisée par l'Institut Curie.
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