L'ORIGINE du renouvellement des cellules pancréatiques chez l'adulte fait l'objet de controverses. Si dans un premier temps, l'idée d'une autoduplication des cellules adultes différenciées avait été évoquée, cette hypothèse a ensuite fait place au développement d'une théorie fondée sur l'existence de cellules souches pluripotentes au sein de la moelle osseuse ou du pancréas (épithélium des canaux pancréatiques) qui pourraient, dans des circonstances précises, se différencier en cellules ductales, en acini ou en cellules bêta.
Dans un article publié par la revue « Nature », des chercheurs de Harvard publient des résultats d'expérience sur des souris qui tendraient à prouver que les cellules pancréatiques, après pancréatectomie, seraient produites davantage par autoduplication que par colonisation par des cellules souches.
Pour cela, ils ont créé un modèle animal de souris dont les cellules pancréatiques expriment un récepteur au tamoxifène. Mises en contact avec cette molécule, les cellules pancréatiques meurent. Par adaptation précise des dosages utilisés, il est possible d'induire une apoptose seulement dans un nombre défini de cellules. Dans cette étude, les chercheurs ont ainsi détruit 80 % des cellules pancréatiques. Ils ont aussi procédé à un marquage des cellules souches pluripotentes et ont analysé secondairement la composition du pancréas après destruction partielle des cellules pancréatiques. Il apparaît que les cellules néoformées (acinaires, canalaires et bêta) sont indemnes de marquage et, de ce fait, il est exclu qu'elles soient issues des cellules souches existantes.
Dans un deuxième temps, ils ont détruit entièrement les îlots pancréatiques des souris, laissant en place du tissu non endocrine. Après un délai de huit jours, l'examen histologique a permis de retrouver du tissu pancréatique néoformé qui, néanmoins, ne contenait pas de cellules bêta.
Plutôt que d'une différenciation.
Pour les auteurs, « les cellules bêtapancréatiques néoformées à l'âge adulte proviennent d'une autoduplication plutôt que d'une différenciation des cellules souches. Néanmoins, l'existence de cellules souches déjà prédifférenciées en cellules pancréatiques et présentes au sein du tissu non endocrine ne peut être exclue ».
Ce travail sur les souris fournit des conclusions opposées à celles obtenues sur des rats dans des conditions expérimentales assez similaires et, de ce fait, il reste impossible d'extrapoler à partir de ces seules données des pistes thérapeutiques utilisables chez les hommes diabétiques.
« Nature », vol. 429, pp. 41-47, 6 mai 2004.
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