Avec l’Iran et le Liban, la Turquie est la première destination des vagues de réfugiés syriens et irakiens, et sert également d’étape à ceux venus d’Afghanistan. Depuis le début de la guerre civile syrienne, le pays a accueilli 2,2 millions de personnes.
« Après l’urgence, il faut gérer le risque infectieux au sein de telles concentrations de population », explique le Dr Hakan Erdem, infectiologue à Istanbul et chargé par la Direction de la gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) turque de coordonner les politiques de santé publique à destination des réfugiés. « Les parasites intestinaux et la tuberculose sont fréquentes, ainsi que les infections sexuellement transmissibles comme les hépatites ou la syphilis », précise-t-il. Outre l’AFAD, le principal acteur à pied d’œuvre dans les camps est le Croissant Rouge turque dont le personnel assurer les distributions de vivre, et les soins médicaux.
Les troubles psychologiques sont aussi nombreux dans les camps turcs : « les réfugiés sont passés par des épreuves traumatisantes, et si les camps leur offrent un suivi médical et un abri, ce sont aussi des lieux bondés qui les isolent socialement », constate le Dr Erdem. Selon les observations faites par les travailleurs humanitaires, un grand nombre de réfugiés souffrent de cauchemars et de troubles du sommeil.
Afin de limiter ces différents risques, les abris ont été organisés en rue avec des accès réguliers aux points d’eau. « La prévention passe par l’eau, martèle le Dr Erdem, il faut un minium de 5 l d’eau par jour et par personne, avec des réservoirs provisoires en mesure de fournir 20 l par jours en cas de besoin. Nous devons aussi distribuer 250 à 500 g de savon par personne et par mois. Des toilettes sont également installées en nombre suffisant, de manière à ce qu’il y ait des latrines pour 20 à 50 personnes maximum ».
Par ailleurs, des écoles ont été installées, et même des bornes wi fi pour maintenir le contact avec l’extérieur via les téléphones portables. Le caractère durable de l’installation a également poussé les autorités à mettre sur pied un service funéraire et prévoir des lieux de sépulture. « Pendant la phase d’urgence, le taux de mortalité des réfugiés est de plus de 1 pour 10 000 par jours », explique le Dr Erdem.
Un coût financier écrasant
Une telle organisation a un coût : « Depuis le début de la guerre civile, la Turquie a payé plus 7,5 milliards de dollars pour héberger les réfugiés, soit plus de 6,6 milliards d’euros, poursuit le Dr Harlan, nous ne savons pas si nous pourrons continuer longtemps comme cela, car c’est une question politique très délicate ».
Seuls 250 000 réfugiés ont trouvé une place dans les 25 camps installés sur la frontière turco syrienne, les autres s’installent comme ils peuvent dans les villes du pays ou, plus vraisemblablement, poursuivent leur chemin vers l’Ouest. Afin d’aider la Turquie à garder les réfugiés sur son sol, le Conseil européen extraordinaire qui s’est tenu le 23 septembre a promis une aide financière pour aider le pays à améliorer ses capacités d’accueil.
« La surveillance n’est pas idéale, reconnaît le Dr Erdem, la mortalité et la morbidité pourraient être améliorées si nous ne loupions pas autant des débuts d’épidémie. Notre priorité absolue reste la rougeole associée à une mortalité de 40 % chez les enfants. Nous sommes très vigilants vis-à-vis de l’apparition de nouveaux cas. »
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