Livres
Tout va pour le mieux dans le monde de l'édition de la bande dessinée, qui bénéficie de six années de croissance continue et qui n'est pas disposé à s'arrêter là puisqu'on a noté, en 2000, une progression de 6,5 % (contre 5,5 % pour la moyenne de l'édition) et que les ventes d'albums ont continué à se développer en 2001 : + 11,5 % au premier trimestre (contre 5 %) grâce évidemment à la parution du nouvel « Astérix » et + 8,5 % au deuxième trimestre (contre 4,5 % pour l'ensemble de l'édition).
C'est dans ce contexte d'euphorie que s'effectue la rentrée de la BD, une rentrée qui s'annonce un peu différente des précédentes rentrées automnales. On a déjà constaté que les éditeurs préfèrent innover, redéployer et restructurer leurs « forces » plutôt que de jouer la carte des nouvelles parutions - qui se sont quand même établies à 736 titres au premier semestre 2001 mais en très faible augmentation par rapport à l'année précédente, où la hausse avait été de 24 % !
Et l'on s'aperçoit aujourd'hui que figurent, à côté des « grosses pointures », un nombre significatif d'auteurs qui ont déjà connu un certain succès avec leurs premiers albums mais n'ont pas encore atteint la notoriété ; ainsi de Joann Sfar, de Manu et Patrice larcenet, de Trondheim ou de Marjane Satrapi, par exemple.
De 100 000 à 650 000 exemplaires
Mais bien sûr, les regards sont d'abord braqués sur les 18 héros qui, d'ici novembre, vont être à l'origine de la publication de plus de 4 millions d'albums.
Le plus gros dévoreur de papier, avec 650 000 exemplaires, sera « Le petit Spirou, vol. 10, Tu comprendras... » de Tome et Janry (21 novembre chez Dupuis), suivi, avec 500 000 exemplaires chacun, de « Blake et Mortimer, vol. 15, L'étrange rendez-vous » de Van Hamme et Benoît (29 septembre chez Blake & Mortimer) et de « Boule et Bill, vol. 28, Les quatre saisons » de Roba (Dargaud, 13 octobre) ; puis, avec 350 000 exemplaires, de « Lanfeust des étoiles, vol. 1, Une, deux, Troy », d'Arleston et Tarquin (Soleil, 20 novembre).
A plus de 200 000 exemplaires on note « Yoko Tsuno, vol. 23, La pagode des brumes », de Leloup (Dupuis), « L'affaire Le Chat », de Geluck (Casterman, 8 octobre) et « Thorgal, vol. 26, le royaume sous le sable », de Rosinski et Van Hamme (Le Lombard, 17 novembre).
Viennent ensuite « Kid paddle, vol. 17, Waterminator », par Midam (Dupuis, 7 novembre), « Trolls de Troy, vol. 5, Les maléfices de la Thaumaturge », par Arleston et Mourier (Soleil), « le Cri du peuple, vol. 1, Les canons du 18 mars », par Tardi et Vautrin (Casterman, 23 octobre), « Alix, La chute d'Icare », par Jacques Martin (Casterman, 2 novembre), « le Guide du zizi sexuel (les trucs de Titeuf) », par Zep et Hélène Bruller (Glénat), « Agrippine et la secte à Raymonde », par Claire Brétécher (Claire Brétécher, 23 octobre).
Et encore, prévus à 100 000 exemplaires, « les Femmes en blanc, vol. 22, Délivrez-nous du mâle », de Bercovici et Cauvin (Dupuis, 3 octobre), « Atalante, vol. 2, Nautiliaa », de Crisse (Soleil, 23 octobre), « la Jeunesse de Blueberry, vol. 12, Dernier train... », de Corteggiani et Blanc-Dumont (Dargaud, 3 novembre), « L'agent 212, vol. 22, Brigade des eaux », de Kox et Cauvin (Dupuis, 7 novembre) et « le Déclic, vol. 4 », de Manara (Albin Michel, 7 novembre).
20 ans d'humour à Saint-Just-Le-Martel
Au chapitre des réussites inespérées et extravagantes, le Salon international du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-le-Martel, qui va fêter ses vingt ans du 28 septembre au 7 octobre, est exemplaire.
Créé dans une bourgade de la banlieue de Limoges qui abrite en temps « normal » à peine 2 000 âmes, ce salon est devenu au fil des ans le « must » de l'humour graphique avec des centaines d'auteurs au rendez-vous et quelque 20 000 visiteurs.
Cette année, outre une exposition sur l'histoire de l'imprimerie, de Gutenberg à l'Internet, Saint-Just met à l'honneur les Français Sempé en lui consacrant une exposition, Wolinski, Pef, Plantu et Vial mais aussi l'Anglais Ronald Searle et le Suisse Hans Geisen. Du côté « retro », hommage à Dubout et aux dessinateurs de l'Assiette au beurre, et du côté jeunesse, une pléiade d'auteurs préférant la « planète plus belle » à la « planète poubelle ».
Animations, jeux, concours, tradtionnel apéro chez le curé de Saint-Just et tout se terminera par la remise des prix dont le fameux prix « humour vache » dont le lauréat remporte une vraie vache limousine sur pieds... qu'on lui retire cependant, il faut l'avouer, pour la rôtir au banquet final. Réservé à ceux qui n'aiment pas se mettre martel en tête, comme de juste !
Le B.A. BA de la sexualité à l'usage des écoliers
Zep a encore frappé. Après avoir détourné les écoliers de leurs manuels scolaires en leur offrant les facéties de Titeuf, un héros à leur mesure, et en avoir fait des inconditionnels en publiant coup sur coup huit albums de bandes dessinées - la série faisant l'objet d'une adaptation en recueil d'histoires courtes dans la « Bibliothèque rose » de chez Hachette et en dessins animés diffusés sur France 3 - voilà que le dessinateur suisse leur propose, à ces 9-13 ans qui sont en manque, un « Guide du zizi sexuel », carrément.
C'est un nouveau Tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-sexe-sans-jamais-oser-le-demander adapté aux pré-adolescents qui sont plus attirés par les images que par le texte : avec une centaine de dessins de Zep et, malgré tout, un texte plein d'humour signé Hélène Bruller, l'ouvrage fait le tour de la sexualité en 6 chapitres très pratiques, le tout étant complété par un index d'une centaine de mots.
Les mots en effet pour le dire, et les dessins pour faire passer la pilule...
« le Guide du zizi sexuel », éditions Glénat, 100 p., 59 F (8,99 euros)
« Persepolis 2 », persécutions...
Début octobre va paraître le deuxième des quatre volets de « Persepolis », le récit par Marjane Satrapi de son enfance dans l'Iran de la révolution islamique.
Le premier tome - qui commence lorsqu'elle a dix ans, en 1980, et que son école lui impose le port du voile - lui avait valu l'Alph'Art en janvier dernier à Angoulême. Il s'achevait sur le déclenchement de la guerre Iran-Irak, en 1982, un conflit qui est au cur de « Persepolis 2 ».
Marjane Satrapi y décrit, en des dessins où le noir domine mais plein d'humour, les bombardements, les pénuries, les drames des réfugiés chassés par le front, les enfants envoyés à la mort et la répression qui n'en finit pas de s'étendre car les persécutions ne touchent plus seulement les opposants au régime mais tous ceux qui ne respectent pas les préceptes islamiques. Renvoyée de son école et remarquée pour avoir contesté l'enseignement officiel dans son nouvel établissement, l'adolescente sera finalement mise à l'abri par ses parents au lycée français de Vienne. A suivre.
« Persepolis 2 » par Marjane Satrapi, L'Association, 88 p., 89 F (13,58 euros)
Blake et Mortimer/Benoit et Van Hamme : un double rendez-vous
On l'attendait depuis cinq ans, ce rendez-vous avec le capitaine Francis Drake et le professeur Philip Mortimer façon Hamme et Benoit ; le voilà enfin concrétisé sous le titre alléchant de « L'étrange rendez-vous », une folle aventure avec rayons meurtriers, savants fous, bases secrètes, machines d'un autre monde, extra-terrestres camouflés qui se révèlent être des hommes venus d'un lointain avenir et menace d'apocalypse nucléaire...
Mais revenons sur terre : Drake et Mortimer, agents préférés de sa Gracieuse majesté créés par Edgar Pierre Jacobs en 1950, avaient été mis en sommeil après la mort de ce dernier, en 1987. Il y a cinq ans, ils avaient repris du service sous la plume de Jean Van Hamme pour le scénario et Ted Benoit pour le dessin : ce fut « L'affaire Francis Drake »... dont on attendait en vain la suite. Ne voyant rien venir Dargaud a même remis les deux héros aux mains d'un autre duo, Yves Sente et André Juillard, ce qui a donné l'an dernier « la Machination Voronov », également très apprécié. Les deux équipes devraient d'ailleurs dorénavant alterner.
Pour cet « Etrange rendez-vous », Jean Van Hamme et Ted Benoit ont donc renoué avec l'ambiance science-fiction de Jacobs - une inversion de la théorie d'Einstein provoquant d'étranges transferts spatio-temporels - et pour dérouler leur effroyable machination, ils envoient leurs héros aux Etats-Unis. Dans le prologue, l'Amérique est en guerre comme aujourd'hui, mais on est en 1777 et c'est la Guerre d'indépendance ; à la tête d'une petite troupe de soldats britanniques en pleine déroute, le major Macquarrie disparaît mystérieusement. 177 ans plus tard son corps est retrouvé dans l'Etat du Colorado mais il semble être mort depuis quelques minutes seulement ; Blake et Mortimer, dont Macquarrie est le lointain aïeul, vont-ils échapper aux hommes en noir armés d'étranges rayons verts, et, à terme, sauver la terre d'une destruction programmée ?
« L'Etrange rendez-vous » par jean Van Hamme et Ted Benoit, éditions Dargaud, 64 p., 82 F (12,52 euros). En librairie le 29 septembre.
La BD à l'assaut des écrans télé
Forte de son succès éditorial, la bande dessinée conquiert aussi à grande vitesse le petit écran. On verra ainsi Lucky Luke, Agrippine et Corto Maltese dans les prochaines semaines, avant Jack palmer, Ric Hochet, les Bidochon et Gotlib.
C'est le fameux cow-boy Lucky Luke qui a ouvert le feu sur France 3 dès le 16 septembre, pour une série de 52 épisodes de 26 minutes programmés le dimanche à 20 h 25, qui seront repris par France 2 à Noël. « Les nouvelles aventures de Lucky Luke » - alias Antoine de Caunes pour la voix - étant moins des adaptations qu'un véritable travail de création à partir de l'univers de Morris et de Goscinny.
Suivra l'improbable héroïne de Claire Brétécher, Agrippine, pour 26 épisodes de 26 minutes également qui seront diffusés sur Canal + à partir du 9 novembre et, dix-huit mois plus tard sur Arte.
Il faudra attendre février pour découvrir, sous les oripeaux de Richard Berry (aux côtés de Patrick Bouchité et de Marie Trintignan) les aventures de Corto Maltese, le personnage d'Hugo Pratt, dans un long-métrage d'animation signé Pascal Morelli et co-produit par Canal + et France 2, lesquels sont en train de produire parallèlement une série d'animation pour France 2.
Décidément prolixe dans le genre, cette dernière développe également une série autour de Ric Hochet, l'homme aux 63 enquêtes résolues. Quant à la chaîne privée, elle vient d'achever une série d'animation de 30 épisodes d'une minute trente consacrés à Jack Palmer. Concernant les Bidochon de Christian Binet, c'est un long-métrage d'animation de 85 minutes qui est en projet, de même qu'une adaptation pour la télévision de la Rubrique à brac, de Gotlib.
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