Les bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) d'origine professionnelle ont été longtemps méconnues. En effet, dans le domaine de la pathologie respiratoire professionnelle, les cliniciens s'intéressaient davantage aux pneumoconioses, à l'asthme et au cancer bronchique. Aujourd'hui, l'intérêt commence à porter sur les BPCO. Le tabac a longtemps occulté les autres facteurs étiologiques des BPCO. Dans les consensus récents, les étiologies professionnelles apparaissent en deuxième position, après le tabac. Ces BPCO n'ont pas de caractéristiques cliniques, radiologiques, fonctionnelles ou évolutives bien particulières, et il est difficile de les différencier des BPCO tabagiques. En outre, il n'existe pas de marqueur biologique d'exposition. Ce qui a également contribué à freiner leur identification et leur reconnaissance.
Un risque bien documenté dans certains secteurs
Dans le milieu agricole, le risque professionnel est largement documenté. Le risque semble plus élevé dans les secteurs où l'exposition aux particules organiques (poussières végétales et leurs micro-organismes bactériens et fongiques) est importante. C'est le cas de la production laitière, des silos céréaliers et des élevages de porcs. Dans ces secteurs, le niveau de risque professionnel est comparable à celui du tabac. En revanche, il n'est pas démontré que les pesticides, les produits chimiques et les gaz toxiques aient un rôle délétère.
Un autre secteur où le risque est important est celui de l'industrie textile, notamment les filatures de coton. L'exposition professionnelle est assez proche de celle rencontrée en milieu agricole. Des études épidémiologiques ont montré un niveau de risque comparable à celui du tabac, avec des prévalences de bronchite chronique > 20-30 % et des déclins du VEMS.
Dans le milieu industriel, le secteur le plus documenté est celui des mines et de l'industrie extractive (mines de charbon, d'or, de fer). Le niveau de risque professionnel est comparable à celui du tabac. Il a été clairement démontré une relation de type « dose-effet » entre la concentration en poussières minérales, notamment la silice, et le déclin du VEMS. Le secteur des travaux publics et de la construction lourde est également concerné. Par exemple, les grands chantiers et les grands tunnels exposent les ouvriers à des concentrations très élevées de poussières minérales (quartz, silice), mais aussi de gaz, de particules Diesel, d'huiles minérales, etc. Enfin, l'industrie du bois est également une activité à risque. Des études réalisées au Canada chez des ouvriers travaillant dans des scieries et des menuiseries-ébénisteries ont montré un excès de BPCO, avec déclin accéléré du VEMS corrélé à la quantité de poussière de bois à laquelle ils étaient exposés. Dans d'autres secteurs, la démonstration d'une relation entre l'exposition et l'état pathologique est moins achevée. Il n'y a pas suffisamment d'études bien étayées pour qu'on puisse considérer que le niveau de preuves est atteint ; ce qui ne veut pas dire que le risque n'existe pas. C'est le cas des secteurs de la fonderie, la sidérurgie, l'usinage et la transformation des métaux, la production de fibres céramiques et d'autres fibres minérales artificielles ; mais aussi du secteur de l'utilisation de l'amiante, l'industrie des matières plastiques, les cimenteries, les activités de soudure, les industries du verre et de la faïence.
Il est indispensable de mettre en place des actions de dépistage dans les populations à risque, qui reposent sur des questionnaires, mais surtout sur des mesures de la fonction respiratoire. Le dessein étant de développer des mesures de prévention et, dans certains cas, d'obtenir une reconnaissance en maladie professionnelle.
D'après un entretien avec le Pr Jean-Charles Dalphin, CHU Besançon.
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