L'expression « dévorer des yeux » pourrait n'être pas uniquement une métaphore, tout au moins pour les individus polyphages. Les observations d'une équipe de Berlin en témoignent : le simple fait de regarder une image de nourriture « allume » chez les obèses une région cérébrale impliquée dans la récompense.
Le Pr Georg Bohner (Berliner Charité) a travaillé sur un groupe de 13 femmes obèses et 13 autres de poids normal. On leur a montré des images représentant des aliments aux contenus caloriques variés. En même temps, les sujets ont été examinés par IRM fonctionnelle (IRMf), ce qui permet d'observer l'activation des régions cérébrales. Les femmes de poids normal n'ont pas présenté d'activation neurologique. Mais les personnes en surpoids ont eu une mise en jeu d'aires cérébrales du plaisir qui étaient restées éteintes chez les normopondérales. Plus le plat semblait riche en calories, plus les aires étaient activées.
Le cortex primaire du goût ainsi que des régions cérébrales appartenant aux circuits de la récompense s'est allumé dans cette circonstance – capsula anterior et nucleus accumbens– avec une libération de neuromédiateurs du plaisir : sérotonine et dopamine. On a testé le fait de penser à la nourriture et obtenu un résultat similaire. D'où la notion d'un cercle vicieux, car en l'absence de nourriture, c'est-à-dire de récompense, la sensation du déplaisir survient rapidement.
Des mécanismes tout à fait similaires ont été trouvés dans le cadre d'autres addictions (au jeu, au tabac…).
Ces recherches, qui ont été présentées au congrès de l'ECR 2007 (European Congress of Radiology), montrent que l'on peut utiliser l'IRMf pour diagnostiquer et contrôler les traitements des addictions. Ainsi, l'IRMf peut permettre de savoir si une psychothérapie visant à dissocier la satisfaction émotionnelle de la nourriture a été efficace.
La méthode d'examen peut être utile pour le développement de traitements médicamenteux visant directement les régions (inhibiteurs de la sérotonine).
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