LA PRÉVENTION d'une pandémie de grippe aviaire, due au virus H5N1, repose sur la vaccination du plus grand nombre par un vaccin dit prépandémique. Plusieurs essais sont, ou ont été, réalisés. Les impératifs des industriels sont de deux ordres : rapidité de fabrication et, bien sûr, immunogénicité. Dans ce contexte, des essais de phases I et II viennent d'être publiés dans le « New England Journal of Medicine », avec une préparation vaccinale (Baxter).
Ce vaccin monovalent inactivé se fonde sur le H5N1 entier et non sur des fractions virales. Cette conception s'est montrée très immunogène chez l'animal. En outre, il est élaboré sur culture de cellules Vero, ce qui, par rapport à la traditionnelle culture sur oeuf de poule embryonné, présente l'avantage de la rapidité. Un objectif de fabrication indispensable en cas de pandémie, pour envisager des vaccinations de masse. De plus, les résultats des travaux divergeant sur l'intérêt d'un adjuvant, les expérimentateurs, Hartmut J. Ehrlich (Vienne) et coll., ont testé divers dosages associés ou non à de l'aluminium. De fait, l'adjuvant n'a pas montré d'intérêt sur l'immunogénicité.
Des doses croissantes d'antigène hémagglutinine.
L'essai a été mené en Autriche (un site) et à Singapour (deux sites) auprès de 284 volontaires, de 18 à 45 ans. Parmi ces hommes et ces femmes, 275 ont pu être inclus dans le processus de randomisation. Six groupes égaux de volontaires ont été créés, recevant des doses croissantes d'antigène hémagglutinine : 3,75 µg avec adjuvant ; 7,5 µg avec ou sans adjuvant ; 15 µg avec ou sans adjuvant ; 30 µg avec adjuvant. Deux injections ont été réalisées à 21 jours d'intervalle.
Les taux d'anticorps sériques neutralisant et inhibant l'hémagglutination ont été évalués 21 jours après chaque injection. Les réponses maximales ont été relevées dans les groupes qui avaient reçu 7,5 et 15 µg d'antigène hémagglutinine, sans adjuvant. Les meilleurs chiffres ont été notés dans le groupe 7,5 µg, avec 76,2 % de réponse par anticorps neutralisant, ce qui équivaut à un taux de séroconversion de 69 %.
Également importante dans des études de phases I et II, la tolérance a été notée. Elle est considérée comme favorable, puisque de 2 à 7 % des participants ont eu de la fièvre. Dans un quart à un tiers des cas ont été notées une douleur au site d'injection ou des céphalées.
La bonne surprise de l'étude est venue de la neutralisation croisée provoquée par ce vaccin. Alors qu'il est créé à partir de virus H5N1 de clade 1, une neutralisation a été constatée sur les clades 2 et 3. Après deux doses de vaccin à 7,5 µg non adjuvé, les participants dont les titres d'anticorps neutralisants dépassaient 1:20 ont représenté 45 % de ceux protégés contre le clade 2, souche Indonésie, et 76 % de ceux immunisés contre le clade 3, souche Hong Kong. Toutefois, aucune étude n'a jusqu'à présent déterminé le taux nécessaire à l'induction d'une protection.
«Cette absence apparente de relation entre la dose et la réponse de notre étude peut paraître surprenante, écrivent les auteurs. Cependant, elle concorde avec de nombreuses études sur les pandémies de grippe.»
« New England Journal of Medicine », 358 ; 24 : 2573-2584.
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