UN VACCIN recombinant s'est montré protecteur contre l'hépatite E pendant une moyenne de 804 jours. Selon cette analyse préliminaire, l'efficacité des trois doses de vaccin est estimée à 95,5 %. L'analyse en intention de traiter montre une efficacité de 88,5 à 89,9 % après la première dose.
L'étude présentée par Shrestha et coll. dans le « New England Journal of Medicine » ne permet pas de savoir quelle est la durée totale de l'immunité conférée par le candidat vaccin. Elle ne donne pas non plus d'indications sur le pouvoir qu'il aurait de prévenir les hépatites asymptomatiques.
Maintenant, «ce qui est important, c'est de dire comment ce vaccin peut agir sur le réservoir et la transmission du virus de l'hépatite E (VHE). Cela permettra d'évaluer le bénéfice que l'on peut en attendre au plan de la santé publique».
L'hépatite E survient de manière sporadique ou sous forme d'épidémies, occasionnant un nombre substantiel de décès et de complications, particulièrement chez les femmes enceintes.
Un tiers de la population mondiale a été infectée.
La maladie représente un problème majeur dans les pays en développement. En se fondant sur les séroprévalences, on estime qu'un tiers de la population mondiale a été infectée par le VHE. En Inde, par exemple, le risque sur la vie entière est supérieur à 60 %, ce qui se traduit par des centaines de milliers de malades chaque année.
La maladie ne se distingue pas sur le plan clinique des autres hépatites infectieuses, mais elle est fatale dans un nombre substantiel de cas (hépatite fulminante) : de 1 % à 3 % des cas, et beaucoup plus chez les femmes enceintes chez qui le taux de mortalité peut atteindre 25 %. L'hépatite E est typiquement de durée limitée, durant de 1 à 4 semaines, elle n'évolue pas vers une maladie chronique. Chez ces femmes, une maladie rapidement progressive peut se développer, avec une courte période de préencéphalopathie. Chez les femmes enceintes, l'hépatite E est associée à un risque plus élevé d'insuffisance hépatique aiguë (mortalité plus élevée), d'avortement spontané, d'enfants mort-nés.
Le virus VHE est à ARN et comporte quatre génotypes. Le génotype 1 est responsable de la majorité des formes graves chez les humains. Le génotype 2 est rare et les génotypes 3 et 4, présents chez les animaux domestiques, ont une pathogénicité réduite chez l'homme.
Un vaccin a été élaboré à l'aide d'une protéine recombinante du génotype 1 du VHE. Il a montré un effet protecteur chez des primates non humains. Il s'est révélé immunogène chez les humains.
Ces résultats ont inspiré une étude clinique au Népal chez des conscrits, population à haut risque de contracter l'hépatite E (étude réalisée avec la coopération de l'armée américaine et le soutien du Laboratoire GlaxoSmithKline).
Le vaccin consiste en un polypeptide purifié produit sur des cellules de Spodoptera frugiperda infectées par un baculovirus recombinant, qui contient une séquence tronquée du génome de VHE, codant pour un antigène de capside.
Protocole d'administration en trois doses.
L'étude a consisté au début à recruter un groupe de 5 323 personnes – hommes en bonne santé et femmes non enceintes –, à Katmandou. Une sérologie a montré des taux d'immunoglobulines anti-VHE inférieurs à 20 WRU chez 66,3 % des personnes. Parmi eux, 1 794 qui avaient des taux d'immunoglobulines anti-VHE inférieurs à 10 WRU ont été inclus dans le protocole d'administration du vaccin : soit trois doses (n = 898), soit un placebo (n = 896) aux mois 0, 1 et 6.
Le vaccin a été administré pendant une période de transmission active de l'hépatite E. Le principal critère d'observation était la survenue d'une hépatite E.
Au final, l'hépatite E s'est développée chez 69 sujets, dont 66 se trouvaient dans le groupe placebo.
Ce travail préliminaire a permis de se pencher sur les effets secondaires éventuels de la préparation. Un sous-groupe était sélectionné pour l'analyse du point d'injection et des symptômes généraux pendant une période de 8 jours après l'administration. Cela ne fait pas apparaître de problèmes majeurs. La proportion des sujets ayant des effets secondaires a été similaire dans les deux groupes. La douleur au point d'injection était plus souvent alléguée dans le groupe ayant reçu le vaccin que dans celui qui avait reçu le placebo.
« New England Journal of Medicine » 356 ; 9 : 895-903 et 949-951 (éditorial).
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