La dramatique histoire clinique d'un enfant victime d'une mutilation, commise par l'un de ses proches au décours d'un accès aiguë psychotique, est rapportée dans le « Lancet ».
A l'âge de 3 ans, en 1995, lors de l'agression, il a subi l'excision du pénis et des testicules. Les organes ont pu être conservés dans la glace jusqu'à l'arrivée à l'hôpital. L'ischémie totale à duré 6 heures. Ce délai n'a pas permis la survie d'un testicule. L'autre a été anastomosé sur une branche des vaisseaux épigastriques. La verge a été réimplantée sur un cathéter urinaire, avec suture de l'artère dorsale gauche et de la veine dorsale. Le revêtement cutané de la verge et des testicules, qui avait été arraché, a été traité comme un greffon de peau sans graisse.
La convalescence se passe bien. La sortie de l'hôpital s'effectue à 4 semaines, l'ablation du cathéter est réalisée à 10 semaines, avec des mictions spontanées. L'enfant est revu 6 et 7 mois plus tard puis perdu de vue.
Sa trace est retrouvée 5 ans plus tard. Il va bien, ses mictions sont normales et sa mère rapporte même des érections matinales. Ses souvenirs du traumatisme sont vagues, même s'il comprend ce qu'il a subi. Il travaille bien à l'école et se fait des copains. A 8 ans, donc, son examen médical est normal pour l'âge avec une bonne croissance. Le pénis est dévié sur la droite, mais présente une sensibilité. En revanche, le testicule n'est pas palpable. Des examens urodynamiques limités confirment un débit urinaire normal.
Un an plus tard, à 9 ans, un bilan hormonal ne montre pas de carence en gonadotrophines (LH : 0,7 U/l, FSH : 3,0 U/l). En fait, comme chez l'adulte, l'intervention a permis de récupérer l'image corporelle, la fonction urinaire, les érections et la fonction endocrine. Mais même si le délai avant réimplantation n'a pas été très prolongé, une atrophie testiculaire semble bien être survenue. Si la fonction endocrine est apparemment préservée, la fertilité reste sujette à caution.
A la même époque, un événement, la libération de prison de son agresseur, est incriminée dans un changement de comportement. L'enfant se renferme et devient méfiant. Malgré cet épisode, les médecins qui l'on pris en charge considèrent que cet enfant, malgré la grave mutilation qu'il a subie, a bien récupéré tant au plan psychocomportemental qu'urologique ou esthétique.
Le suivi va continuer, notamment pour corriger par chirurgie la déformation résiduelle et pour l'aider dans son passage de la puberté.
Mat Griffiths et coll., « Lancet », vol. 361, 18 janvier 2003, p. 263.
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