LEA FAZER est jeune et signe son premier long métrage, dont elle a écrit le scénario*. D'où son grand bonheur d'avoir été sélectionnée pour ouvrir au festival de Cannes la section « Un certain regard ». Les critiques blasés n'ont pas apprécié son humour peu léger pour se moquer des Suisses, ses compatriotes ( « En ne me sentant pas Suisse, je suis très Suisse », fait-elle dire à l'un de ses personnages principaux). Comme si la caricature, aussi grosse soit-elle, n'avait plus droit de cité au nom d'un sévère politiquement - et helvétiquement - correct.
C'est vrai, elle a mis le paquet, Léa Fazer. Son film lui a été inspiré par une anecdote qu'on lui a raconté : une Française qui avait épousé un Suisse a demandé le divorce au retour du voyage de noces dans le pays du mari.
Alors la Suisse devient un personnage à part entière, ou plus exactement, tous les clichés sur la Suisse, qu'elle a réussi à réunir en une mixture qui relève du gavage. Rien n'a été oublié : l'accent lent, l'obsession de la propreté et de la ponctualité, le chocolat, les vaches, le vrai gruyère, le secret bancaire, la passion de la montagne, le coucou...
Le prétexte : un homme qui vit en France depuis longtemps retourne dans sa Suisse natale, avec sa compagne, pour les obsèques de sa grand-mère. Il y a un héritage, mais pour en bénéficier, il faut passer quelques épreuves d'helvétisme pur et dur. Il y a aussi une encombrante famille et notamment un cousin bouseux envahissant. Entre la Française gaffeuse et la famille suississime, c'est le choc des cultures. L'occasion pour une belle brochette d'acteurs de jouer la comédie comme des enfants. Denis Podalydès incarne toujours très bien les personnages décalés, pas tout à fait à leur place. Vincent Perez se déchaîne pour ce retour à sa région d'origine ; la réalisatrice assure qu'il lui a fallu une grande virtuosité pour parler avec un accent vaudois - donc lent - accéléré pour respecter le rythme du cinéma. Emmanuelle Devos met les pieds dans le plat avec autant d'ardeur que d'innocence.
* Actrice , auteur et metteur en scène, elle a notamment écrit la pièce « Porte de Montreuil », jouée en France en 2000.
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