Si la série de livres qui mettent en scène un enfant apprenti sorcier du nom de Harry Potter n'était qu'un phénomène littéraire, il n'aurait pas sa place dans cette page.
Mais Harry Potter est aussi une phénomène d'édition sans précédent, un phénomène économique et commercial, un phénomène de civilisation. L'auteur, une blonde et discrète jeune femme du nom de J.K. Rowling, était naguère une mère célibataire assistée par les services sociaux de l'Etat ; elle dispose aujourd'hui d'une fortune de 450 millions de dollars, supérieure à celle de la reine Elisabeth. Elle vient de publier son cinquième ouvrage et s'apprête à en rédiger un sixième. Son traducteur français travaille d'arrache-pied tant nos jeunes concitoyens sont pressés de découvrir la suite des aventures de Harry.
Cependant, le succès de Mme Rowling est moins important que sa signification. Ce qu'elle écrit prête à controverse : des communautés religieuses dénoncent ses narrations « diaboliques » et brûlent ses livres ; d'autres voient dans tout ce qu'elle enseigne aux enfants une empreinte divine.
Commençons par confesser que nous ne lisons pas la production littéraire de J.K. Rowling et que cet article n'a pas pour objet de les analyser. Mais nous sommes conquis par l'envie de lire que l'auteur a donnée aux enfants du monde. Le succès des Harry Potter a diminué de quatre degrés l'illettrisme aux Etats-Unis sur une échelle conçue pour le mesurer. Les élèves qui préféraient les jeux vidéo et la télévision sont tous candidats à la lecture en classe de passages des différents tomes.
Mme Rowling a donc obtenu des enfants préadolescents ce qu'aucune réforme de l'éducation n'a pu produire : un engouement pour la lecture qui émerveille les enseignants, proches du désespoir il y a à peine trois ou quatre ans. Pour ce seul triomphe, Mme Rowling mérite nos remerciements et notre respect.
Et il faut bien qu'elle ait un don unique, sans doute celui de n'avoir pas oublié sa propre enfance et écrit, avec ses outils d'adulte, ce qu'elle-même aurait souhaité lire quand elle était petite. Bien qu'elle soit d'une nature réservée et qu'elle accorde peu d'interviews, J.K. Rowling vient de démontrer en outre qu'elle a du cœur : une petite Américaine, atteinte d'un cancer du rein, ne voulait pas mourir avant d'avoir lu le tome en cours de rédaction. Mme Rowling l'a appris et a commencé avec l'enfant une correspondance électronique à laquelle elle a consacré beaucoup de temps. Quand la gamine, incurable, fut proche de la mort, elle l'appela au téléphone et, au cours de cette communication intercontinentale, lui lut, pendant des heures, des chapitres entiers de l'ouvrage inédit.
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