Il existe une corrélation morpho-fonctionnelle entre la largeur des maxillaires et le flux aérien au niveau des fosses nasales. L'obstruction nasale et les troubles de la ventilation sont très fréquents chez les enfants suivis en orthodontie. L'expansion orthopédique maxillaire, en élargissant le palais, améliore à la fois la ventilation et l'esthétique du visage.
EN FRANCE, 1 enfant scolarisé sur 10, soit 600 000 enfants et adolescents, bénéficie de soins d'orthopédie dento-faciale (ODF). Compte tenu de la fréquence des troubles ventilatoires associés, la HAS recommande aux orthodontistes d'évaluer la perméabilité des VAS dans le cadre de leur diagnostic. Des mesures de résistance nasale par rhinomanométrie antérieure, menées chez 875 patients âgés en moyenne de 9,4 ans consultant pour des soins orthopédiques, ont révélé une moyenne des résistances de 0,58 Pa/cm3/s (norme = de 0,25 à 0,35 Pa/cm3/s). Près d'un patient sur deux avait une résistance supérieure à 0,50 Pa/cm3/s. Si la rhinomanométrie évalue avec précision les troubles de la perméabilité des VAS, l'interrogatoire suffit souvent à les suspecter devant des perturbations du sommeil (ronflement, agitation nocturne et aux réveils) et des troubles du comportement.
Un lien de cause à effet.
Les causes de l'obstruction nasale chez l'enfant sont multiples. Leurs conséquences se manifestent aux dépens de divers systèmes et appareils, et plus particulièrement aux dépens de la morphogenèse maxillo-faciale. Ce lien de cause à effet a fait l'objet de nombreuses controverses, toutefois, aujourd'hui, la plupart des auteurs admettent que l'obstruction nasale et son corollaire, la ventilation orale, peuvent chez l'enfant influencer la morphogenèse maxillo-faciale (la ventilation nasale contribue au développement du maxillaire) et la posture cranio-rachidienne. Les variations de l'intensité des activités musculaires, mesurées par électromyographie en fonction du mode ventilatoire et du degré d'obstruction nasale, témoignent de l'existence d'adaptations tonique et phasique de la posture cranio-rachidienne et des peauciers péri-oraux et périnasaux, ainsi que d'autres tissus mous faciaux. Il s'ensuit des effets dysmorphogénétiques sur le squelette facial de l'enfant en croissance – explicables par la remarquable plasticité des os membraneux de la face durant la croissance – et sur son système dentaire en développement. Une enquête menée par la HAS sur la fréquence des dysmorphoses a révélé que le symptôme le plus souvent présent était l'insuffisance de développement transversal des maxillaires, c'est-à-dire une mâchoire trop étroite. À son tour, cette étroitesse, notamment celle du palais, qui constitue le plancher des fosses nasales, dans une spirale délétère, retentit sur le flux aérien.
Le traitement orthopédique du maxillaire restaure la ventilation.
La majorité des traitements d'ODF débutent par la correction orthopédique du déficit de croissance transversale des maxillaires, appelé communément expansion maxillaire. Bien que les publications présentent des données contradictoires, J. Deniaud et coll. ont observé des résultats favorables sur la ventilation. Ils ont suivi par rhinomanométrie antérieure l'évolution des résistances nasales au cours d'une expansion transversale maxillaire effectuée sur 21 enfants âgés en moyenne de 10,9 ans et qui avaient tous une obstruction nasale importante. Dans les six mois suivant l'expansion maxillaire, une réduction des résistances nasales était observée chez 74 % des enfants et ces résultats à un an étaient de 84 %, avec une moyenne des résistances évoluant de 1,141 Pa/cm3/s à 0,635 Pa/cm3/s. Parallèlement, la moyenne du nombre de symptômes nocturnes témoins d'une obstruction nasale était réduite de 66,5 % à un an. Le jeune âge des patients et l'existence d'une obstruction initiale sévère améliorent le pronostic. Les patients atteints de rhinite allergique sont les moins bien améliorés.
Une étude similaire en cours réalisée chez 44 patients ayant au départ une obstruction nasale plus modérée montre une amélioration chez 72 % des sujets à un an. Cette étude inclut également des mesures spirométriques (débit expiratoire de pointe et débit expiratoire maximal à 25, 50 et 75 % de la capacité vitale) qui montrent que les patients les plus améliorés sont ceux qui étaient les plus gênés avant le traitement orthopédique.
Ainsi, chez le jeune enfant, les traitements ODF, au-delà de leur vocation esthétique, peuvent rétablir une ventilation nasale optimale. Des complications générales de l'insuffisance respiratoire (pulmonaires, cardiaques et cérébrales) sont ainsi évitées et la croissance harmonieuse de l'extrémité céphalique est rétablie.
L'expansion orthopédique chez l'enfant.
Un disjoncteur sur deux bagues de molaire est mis en place et activé pendant deux semaines, de façon journalière, à raison de 1/4 de tour le matin et le soir, ce qui ouvre la suture de 1/2 mm par jour jusqu'à obtention du résultat déterminé initialement. Après quatre mois, le disjoncteur est remplacé par un quadhélix afin de maintenir l'expansion et de positionner les molaires. Après huit mois, le quadhélix est déposé, et une gouttière de port nocturne est mise en place durant une année pour achever la rééducation et stabiliser la ventilation nasale.
D'après la communication du Dr Joël Deniaud, Nantes.
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