«EN 48HEURES, j’ai eu la réponse et elle était positive. Ce qui ne m’a pas surpris, en vérité.» Installé depuis de nombreuses années dans la proche banlieue parisienne, ce radiologue a obtenu un accord rapide de la société financière à laquelle il s’adresse depuis toujours ou presque pour acquérir un nouveau matériel professionnel performant, mais aussi très onéreux. L’exemple n’est pas unique. Le Dr Maurice Uzan, également radiologue, à Paris, raconte volontiers les relations très étroites qu’il entretient avec son conseiller financier, ce qui lui permet d’obtenir très vite son accord lorsqu’il sollicite un prêt professionnel.
En fait, il y a bien peu de banques qui n’ont pas créé une section spécialisée dans les prêts aux professions libérales, et plus spécifiquement aux professions de santé. Du côté de BNP Paribas, pour ne prendre que cet exemple, coexistent même deux structures, qui s’ignorent d’ailleurs, ou feignent de le faire. Ainsi, la banque a mis en place le département Bplg – comprenez BNP-Paribas Lease Group – qui, affirme l’un de ses responsables, «compte parmi les leaders, si ce n’est le leader, européens du financement du matériel médical».
Réponse rapide.
C’est à cette structure que fait régulièrement appel le Dr Uzan, lorsqu’il doit acquérir un nouveau matériel qui réclame un financement élevé. Il pense notamment aux tout nouveaux échographes qui coûtent très cher. «Je sais, poursuit le Dr Uzan, que je saurai très rapidement, en prenant contact avec mon conseiller chez Lease Group, si je pourrai procéder rapidement à cette acquisition professionnelle.» Chez le financier, on confirme que l’essentiel est «d’apporter une réponse rapide à toute demande de financement, qu’il s’agisse d’un autoclave à 4500euros ou d’une salle de radiologie à 450000euros». Très présents dans le monde médical, Bplg finance aussi bien des matériels en radiologie et en chirurgie dentaire que des automates en biologie.
Autre structure de financement qui dépend de BNP Paribas, la société Crédit Médical Véhicule (CMV), devenue CMV Médiforce, qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, ne finance pas uniquement l’achat de véhicules professionnels. Satisfaction là aussi des clients de cette société, tel le Dr Jean Beaugrand, qui explique qu’il ne rencontre pas de problème pour contracter un crédit et renouveler son matériel.
En revanche, on peut se demander ce qu’il advient lorsqu’un jeune médecin, qui ne possède pas de relations ni de réelles cautions, demande un crédit pour acquérir un matériel onéreux. «Il faut regarder de près chaque situation, répond-on aussi bien chez CMV Médiforce que chez Bplg, mais ce n’est pas parce qu’un jeune praticien demande un crédit pour acquérir un matériel onéreux que nous allons lui refuser toute facilité ou lui mettre des bâtons dans les roues. Bien au contraire. »
Il n’empêche : de plus en plus de radiologues en particulier et en général de plus en plus de spécialistes à hauts plateaux techniques rencontrent des difficultés pour trouver un successeur et sont contraints de travailler jusqu’à un âge avancé, alors que certains souhaiteraient décrocher. «C’est moins une question de crédits que de trouver des hommes prêts à faire des sacrifices et à travailler dur pour assumer une succession», souligne un radiologue.
Les généralistes aussi.
Mais le fait que les financiers se bousculent au portillon pour participer à l’équipement des spécialistes et des médecins est un signe évident que la profession est encore très bien considérée dans le monde des affaires.
Ce que confirme Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo. Cette société, liée au Crédit Lyonnais depuis toujours, est sans doute la mieux connue des professions de santé. Elle s’est fait une spécialité du financement des acquisitions, des équipements et des matériels lourds des médecins, ainsi que des prêts pour le rachat de pharmacies. C’est d’ailleurs dans le monde officinal que sa réputation est la plus grande.
Mais, se défend Luc Fialletout, «nous finançons toutes les professions libérales, et 20% de nos clients sont médecins».
Si Interfimo, comme l’ensemble des structures financières consultées, a d’abord comme clients des spécialistes, de plus en plus de généralistes font appel à ses services. « Ils nous demandent des crédits dans le cadre des maisons médicales ou des maisons de santé qu’ils montent, pour des achats de mobilier ou des équipements indispensables au bon fonctionnement de ces structures», explique le directeur général adjoint d’Interfimo, qui tient à préciser, pour bien montrer l’implication de cette société dans le monde médical, que «la Csmf, MG-France et la Fédération nationale des radiologues font partie du conseil d’administration d’Interfimo».
«Il est certain, souligne Luc Fialletout, que nous savons de quoi nous parlons lorsque nous discutons équipements, installation, matériel avec un spécialiste.»«Même un débutant et un jeune», insiste-t-il.
Dans le domaine des crédits pour s’équiper et s’installer, il est indéniable que les médecins ont le choix. On pourrait encore citer le Crédit mutuel des professions de santé (CMS), lié au Crédit mutuel évidemment, et qui a des antennes régionales un peu partout en France. Ce réseau est en pleine expansion et les professionnels de santé, si l’on en croit le message que cette société fait circuler sur son site Internet, sont invités à participer à ce mouvement, «en devenant membre fondateur d’un CMS dans (leur) région». La Caisse d’épargne, la Société Générale, en fait l’ensemble du réseau bancaire, regardent de près le monde de la santé, comme si, et c’est surprenant à plus d’un titre, la crise avait épargné ce secteur d’activité. Un jugement erroné, les médecins le savent bien. Mais à eux de profiter de cet engouement et de faire jouer à plein la concurrence.
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