« C'EST FORMIDABLE et complètement infaisable, donc on va le faire » : la réaction du dresseur Thierry Le Portier quand il a reçu le scénario de Jean-Jacques Annaud et Alain Godard donne la mesure de l'exploit que représente « Deux Frères ». Thierry Le Portier n'est pourtant pas un néophyte en matière de cinéma (et de télévision avec « Fort Boyard ») : « Roseline et les lions », « Gladiator », « le Maître des éléphants », « le Pacte des loups », entre autres, ont bénéficié de ses talents et de son expérience. Et de l'expérience il en fallait, pour un film dont les personnages principaux sont des tigres, bébés puis adultes. Une trentaine d'animaux au total ont été nécessaires, dénichés dans le monde entier. Et les tigres, il ne faut pas se fier à certaines séquences du film, restent dangereux : pendant le tournage dans la jungle cambodgienne, les hommes étaient en cage, juste retour des choses, et la zone délimitée par des filets vérifiés scrupuleusement chaque matin.
Mais la maîtrise des animaux ne serait rien sans une bonne histoire. On peut dire que les animaux jouent bien, et l'on croit à ces deux personnages, sans se préoccuper de savoir combien de doublures ils ont eu, parce que Annaud a su inventer des aventures à la Jules Verne comme tout bon lecteur en a savouré à l'adolescence ou plus tard. Voici deux bébés tigres, Koumal et Sangha, qui jouent dans les ruines d'un vieux temple (Annaud et son producteur exécutif Xavier Castano ont obtenu l'autorisation de tourner à Angkor). Un lieu idyllique, jusqu'à ce qu'arrive un chasseur voleur de statues sacrées. Les deux frères vont être séparés et se retrouver à la merci d'humains plus ou moins recommandables. Nous sommes censés être dans l'Indochine coloniale des années 1920. Avec le chasseur finalement sympathique (Guy Pearce), l'administrateur colonial plutôt ridicule (Jean-Claude Dreyfus), le potentat local (Oanh Nguyen), le patron du cirque (Vincent Scarito), sans oublier les femmes (Philippine Leroy-Beaulieu, Stéphanie Lagarde) et l'enfant (le jeune Freddie Highmore), nos deux héros vont connaître bien des vicissitudes.
A la différence de « l'Ours » (1988), du même Annaud, « Deux Frères » est riche de rebondissements, de notations souvent cocasses, de personnages savoureux qui pourraient sortir d'une BD ou d'un film de Spielberg, version « les Aventuriers de l'arche perdue ». On se prend d'affection pour les deux frères, non sans anthropomorphisme bien sûr, et l'on souhaite qu'il ne leur arrive rien de mal. Nul doute que la cause de la préservation de l'espèce* y gagnera de nouveaux adeptes.
* En Asie, les tigres sont notamment recherchés pour les vertus médicinales présumées de leurs organes. Outre les zones protégées, des projets visent à réduire la demande de produits de tigre, notamment en coopérant avec les praticiens de la médecine traditionnelle asiatique pour promouvoir des produits de substitution.
Des livres
Plusieurs livres accompagnent la sortie du film. Dans « Tigres », préfacé par Jean-Jacques Annaud et Boris Cyrulnik, Karine Lou Matignon dresse un panorama des relations que l'homme entretien avec le tigre. Habitant exclusivement l'Asie, les tigres y sont à la fois considérés comme des dieux vivants, objets de croyances extraordinaires, et comme des créatures sanguinaires et indésirables. Chassés par les Européens au temps des colonies, capturés pour des zoos ou dressés pour des exercices de cirque, ils sont aujourd'hui menacés de disparition dans leur milieu naturel. L'ouvrage est illustré par les photos du film et par des documents anciens (Editions EpA, diffusion Hachette, album de 24 x 34 cm, 184 pages, 45,50 euros).
Hachette Jeunesse publie de son côté, sous le titre « Deux Frères », trois albums reprenant l'histoire et les photos du film, petit, moyen ou grand format selon l'âge : à partir de 5 ans (32 pages, 3,90 euros), 8 ans (48 pages, 8,40 euros), 10 ans (64 pages, 10 euros). Et un roman (à partir de 9 ans), en Livre de Poche Jeunesse (224 pages, 4,5 euros).
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