En grève depuis une semaine à l'appel de l'AAHF (Association des attachés hospitaliers de France), rejointe par l'AMUHF (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France), les médecins attachés ont reconduit et durci leur mouvement pour une durée illimitée. Désormais, ils ne travailleront plus que sur assignation.
Très centrée sur les hôpitaux de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, qui rassemble 7 000 des quelque 35 000 attachés exerçant en France), cette grève a commencé à toucher des établissement franciliens n'appartenant pas à l'institution : tandis que la direction de l'AP-HP compte plus de 50 % d'attachés grévistes en son sein, des attachés de Sainte-Anne ou des Quinze-Vingt ont cessé le travail. Et le mouvement pourrait faire tache d'huile en province et dans plusieurs grandes villes : Toulouse, Rennes ou Marseille étudient leur ralliement.
Pour une renégociation totale du statut
Qu'ils soient gériatres, pédiatres, biologistes, psychiatres, chirurgiens, les attachés, qui travaillent à la vacation et sans contrat de travail, ne demandent rien moins que « l'abolition » de leur statut. « Nous exigeons une titularisation pour les attachés et attachés associés ayant plus de 4 ans d'ancienneté et plus de 4 vacations et un contrat de travail pour les autres, explique l'AAHF, nous réclamons par ailleurs une grille de salaires avec des échelons en fonction de notre ancienneté comme n'importe quel salarié de l'hôpital ».
Alors que quelque 3 000 attachés travailleraient dans les services d'urgences, l'AMUHF dénonce, elle aussi, un statut « inique au possible » pour lequel elle « exige une rénovation sociale très rapide ». « L'attaché, c'est le médecin fantôme de l'hôpital, estime le Dr Patrick Pelloux, président de l'AMUHF ; on lui propose deux ou trois vacations hebdomadaires - ce qui correspond à un salaire ridicule - et on l'oblige, pour gagner décemment sa vie, à faire des gardes. »
Initialement, l'objectif du statut d'attaché était de permettre à des médecins libéraux de garder un pied à l'hôpital. Ce qui explique sa souplesse (les vacations sont souvent tacitement reconduites d'années en années mais elles peuvent être supprimées du jour au lendemain, l'ancienneté n'existe pas et les cotisations retraites sont, dixit l'AAHF, « dérisoires »). D'où la faiblesse des rémunérations qui lui sont liées. Dans les centres hospitaliers, les vacations de 3 h 30 sont payées entre 239,69 F (36,54 euros) et 317,92 F (48,47 euros), selon que le médecins qui les assure est ancien chef de clinique, ancien interne ou autre.
En CHU, les prix s'échelonnent entre 284,05 F (43,30 euros) et 382 F (58,24 euros). Un assistant est donc rémunéré entre 68,48 F (10,44 euros) et 109,14 F (16,64 euros) bruts de l'heure. C'est peu. Surtout quand le système s'est perverti et que des médecins sont devenus attachés « à temps plein », enchaînant chaque semaine jusqu'à 11 vacations. Cette situation n'est pas rare. Près de la moitié des assistants de l'AP-HP effectuent par exemple entre 3 et 11 vacations hebdomadaires et pour bon nombre d'entre eux, cela représente une activité exclusive.
Rejetant la « précarité » de leur statut, estimant qu'ils travaillent aujourd'hui « à la limite de la légalité en regard des droits du travail et plus encore en regard des directives européennes », les assistants demandent à être reçus « de toute urgence » par le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner.
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