LES EFFETS des bêtabloquants, qui inhibent les récepteurs adrénergiques bêta, n’ont pas été complètement élucidés. Le nébivolol, un bêtabloquant de troisième génération, a pour propriété d’être un agoniste partiel des récepteurs bêta 3 adrénergiques, récemment identifiés grâce aux progrès de la biologie moléculaire. Cela se matérialise par des effets cardiaques et vasculaires. Il induit en particulier une vasodilatation coronaire par l’intermédiaire de ces récepteurs nouvellement identifiés (1). Cette action spécifique est médiée par le NO. Il a également un effet promoteur sur la néoangiogenèse. N. Tzemos et coll. en ont conclu que l’emploi du nébivolol était susceptible de conférer une cardioprotection supplémentaire par rapport aux bêtabloquants conventionnels (2). Les effets bénéfiques du nébivolol attribuables à son effet bêta 3 agoniste sont multiples. Cette molécule possède en effet la propriété de diminuer la postcharge, de réduire la rigidité artérielle, de diminuer l’agrégabilité plaquettaire et d’avoir des effets antioxydants.
Le nébivolol, pour réduire le risque cardio-vasculaire.
Les propriétés novatrices de ce bêtabloquant sont cliniquement matérialisées par une préservation de la qualité de vie, identique à celle d’un antihypertenseur de la classe des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 (3). Cette bonne tolérance du nébivolol concerne en particulier les troubles de l’érection. Un effet régulateur du nébivolol a été également constaté au niveau du cycle cellulaire. Cela rend compte de ses effets antiprolifératifs au niveau des cellules musculaires lisses aortiques (4).
Il a également été montré très récemment que le nébivolol diminue le stress oxydatif, améliore la sensibilité à l’insuline, diminue le taux de p-sélectine, une glycoprotéine exprimée à la surface des plaquettes lors de leur activation, et qu’il augmente le taux d’adiponectine chez les hypertendus (5). Ces éléments sont évidemment tous susceptibles de réduire le niveau de risque cardio-vasculaire. Le nébivolol possède également un atout supplémentaire, puisqu’il préserve la tolérance à l’effort (6).
Une réduction du risque de 14 % chez les insuffisants cardiaques.
L’étude SENIORS (Study of the Effects of Nebivolol Intervention on Outcomes and Rehospitalisation in Seniors with Heart Failure), enfin, est une étude de morbi-mortalité, contrôlée contre placebo, qui a été réalisée chez 2 128 insuffisants cardiaques chroniques stables âgés de 70 ans au moins (7). Ils étaient en classe fonctionnelle II ou III de la Nyha, et seulement 2 % d’entre eux étaient en classe IV. Ils avaient une fraction d’éjection moyenne de 36 %. La durée du suivi a été de vingt mois en moyenne. Ils ont été de façon aléatoire assignés à recevoir soit du nébivolol, soit un placebo. Le critère principal de jugement était combiné et associait mortalité globale et hospitalisations pour raisons cardio-vasculaires. Parmi les critères secondaires, les auteurs ont prévu la mortalité globale, qui était le critère principal d’efficacité retenu dans les études réalisées avec les autres bêta-bloquants. Par comparaison avec le placebo, le nébivolol a réduit le critère principal de 4,2 %, ce qui correspond à une réduction de risque relatif de 14 % (intervalle de confiance à 95 %, 0,74-0,99, p = 0,039). Cette réduction du risque a été constatée six mois après la mise en oeuvre du traitement et s’est maintenue pendant toute la durée du suivi. La tolérance de ce traitement chez les sujets de l’étude, qui étaient âgés, a été bonne.
D’après le symposium organisé par les Laboratoires Menarini, Journées européennes de la Société française de cardiologie.
(1) Dessy C et coll. Endothelial ß3-Adrenoreceptors Mediate Nitric Oxide-Dependent Vasorelaxation of Coronary Microvessels in Response to the Third-Generation ß-Blocker Nebivolol. « Circulation » 2005 ; 112 : 1198-1205.
(2) Nebivolol Reverses Endothelial Dysfunction in Essential Hypertension : A Randomized, Double-Blind, Crossover Study. « Circulation », 2001 ; 104 (5) : 511-514.
(3) Van Bortel LM, et coll. Quality of Life and Antihypertensive Effect with Nebivolol and Losartan. « Am J Hypertens », 2005 ; 18 (8) : 1060-1066.
(4) Andre DE et coll. Nebivolol Inhibits Human Aortic Smooth Muscle cell Growth : Effects on Cell Cycle Regulatory Proteins. « J Cardiovasc Pharmaco », 2000 ; 35 (6) : 845-848.
(5) Celik T et coll. Comparative Effects of Nebivolol and Metoprolol on Oxidative Stress, Insulin Resistance, Plasma Adiponectin and Soluble P-Selectin Levels in Hypertensive Patients. « J Hypertens », 2006 ; 24 (3) : 591-596.
(6) Van Bortel LM, van Baak MA. Exercise tolerance with Nebivolol and Atenolol. « Cardiovasc Drugs Ther » 1992 ; 6 (3) : 239-247.
(7) Flather MD et coll. SENIORS Investigators. Randomized Trial to Determine the Effect of Nebivolol on Mortality and Cardiovascular Hospital Admission in Elderly Patients with Heart Failure (SENIORS). « Eur Heart J ». 2005 ; 26 (3) : 215-225.
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