EN RAISON des difficultés d'accès aux soins dans certaines zones urbaines sensibles (ZUS), l'état de santé des habitants de nombre de quartiers dits pourtant « prioritaires » se dégrade davantage que dans le reste du territoire national. Or, là où des ateliers santé-ville (ASV) ont été mis en place, depuis 2001, l'offre de soins de proximité et de qualité, à la fois curative et préventive, s'est étendue. L'ASV d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, l'un des tout premiers à voir le jour, a permis, par exemple, de mieux connaître et de mesurer l'état de bien-être des populations, d'améliorer les diagnostics, grâce notamment à un suivi épidémiologique anonyme des enfants en grande section de maternelle, de développer la santé communautaire et la prophylaxie (accidents domestiques en habitat dégradé…), ou encore d'ouvrir un partenariat avec la médecine scolaire et la santé mentale.
Un outil de réduction des inégalités de santé.
Pour le Conseil national des villes (CNV), le temps est venu de rendre obligatoire la généralisation des ASV, en cours actuellement, à l'ensemble des territoires prioritaires de mise en oeuvre des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS). «Pas de plan régional de santé publique sans référence aux ateliers santé-ville», ajoute-t-il. Le Conseil des villes avait été saisi en juin 2006 par Catherine Vautrin, alors ministre délégué à la Cohésion sociale.
Pour le Dr Luc Ginot, d'Aubervilliers, membre du CNV, avec son confrère Jean-Luc Roelandt, la recommandation mériterait d'être suivie d'effet car il en va de la vie des quelque 4,7 millions de personnes – dont 1,3 million de Franciliens – qui habitent dans une ZUS. La ministre de la Ville et sa secrétaire d'Etat, Fadela Amara, ne sauraient y être insensibles, espère le généraliste albertivilliarien.
Le bilan de la plupart des 217 ASV en fonctionnement plaide en ce sens. «Les ateliers santé-ville ont mobilisé, ici ou là, des ressources en sciences humaines, en épidémiologie ou en géographie de la santé», souligne le CNV, en relevant que la Société française de santé publique a décidé de se doter d'un instrument «de développement méthodologique des ASV». Succédant au volet « santé »des contrats de ville, l'atelier santé est reconnu comme «un outil pertinent de réduction des inégalités de santé». L'ensemble des acteurs rencontrés par le Conseil national des villes, qu'il s'agisse des professionnels libéraux, des hospitaliers, des associations, des habitants ou des représentants de l'Etat, met l'accent, «de façon quasi unanime, sur l'apport spécifique et majeur de la démarche ASV».
Repères
– Le CNV, coprésidé par le chef du gouvernement et la ministre Christine Boutin, a pour mission de donner des avis aux pouvoirs publics sur la politique urbaine, laquelle est gérée par la délégation interministérielle à la ville. Les deux instances ont été créées en 1982.
– Cibles prioritaires de la politique de la ville, les zones urbaines sensibles (ZUS) sont au nombre de 751, réparties sur 800 communes au sein de 200 agglomérations. Selon le rapport 2006 de l'observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS), 32 % de ceux qui y habitent se déclarent en mauvaise santé, contre 26 % des personnes qui ne vivent pas en ZUS.
– Les ateliers santé-ville, dit l'ONZUS, «doivent rapprocher acteurs et professionnels de la santé afin d'élaborer des programmes adaptés au niveau local et, si possible, avec la participation des habitants».
– Les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) ont succédé aux contrats de ville ; 495 ont pour l'instant été signés.
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