LA FRANCE compte quelque 3,5 millions d'asthmatiques, dont un quart d'enfants et d'adolescents, et le nombre de nouveaux cas a doublé ces vingt dernières années. Heureusement, aujourd'hui, grâce à des traitements de fond efficaces, un asthmatique peut mener une vie normale. Alors comment expliquer que la maladie soit encore à l'origine d'arrêts de travail, d'hospitalisations et même de décès (7 par jour) ? Pour le savoir, l'Urcam (Union régionale des caisses d'assurance-maladie) de Champagne-Ardennes a mené l'enquête auprès de ses assurés.
En 2000, plus de 47 600 Champardennais de 5 à 44 ans se sont fait rembourser un médicament asthmatique (7,8 % de la tranche d'âge). Le suivi de la consommation de soins de ces patients de mars 2000 à février 2001 a permis au service médical de l'Assurance-maladie de recueillir un certain nombre de données. Les médecins-conseils ont ensuite constitué un échantillon de 766 patients tirés au sort, parmi lesquels 374 ont accepté d'être interrogés et examinés, au cours du premier semestre 2002).
Trois quarts des patients ont consulté un pneumologue, alors que, souligne l'Urcam, la consultation du spécialiste est essentielle : elle doit être faite au moins une fois, pour mesurer la fonction respiratoire et renouvelée en fonction de l'état du patient. Autre faille, d'importance : 37 % des malades asthmatiques de plus de 15 ans fument, alors que le tabagisme aggrave la maladie ; les fumeurs ont d'ailleurs une dégradation de la fonction respiratoire plus marquée que celle des non-fumeurs.
Plus grave encore : durant les deux dernières années, 13 sujets de l'étude ont été hospitalisés et 28 ont été obligés de faire appel à un service d'urgence. Des chiffres difficilement compréhensibles, selon l'Urcam, puisqu'on estime que la quasi-totalité des hospitalisations pourrait être évitée grâce aux traitements de fond. C'est que, montre l'étude, pour 22,8 % des patients, le traitement de fond n'est pas adapté. En outre, 26 % ignorent ce qu'il faut faire en cas de crise, certains se contentant d'attendre que la crise cesse d'elle-même, d'autres utilisant un médicament inadapté, avec le risque de graves complications.
Enfin, chez son médecin ou à domicile, seul un patient sur trois avait déjà utilisé un débitmètre de pointe, outil pourtant indispensable du suivi.
Une campagne d'information.
Pour mieux informer ces patients et leurs médecins, et dépister les 20 % d'asthmatiques qui s'ignorent, l'Urcam lance, avec le soutien des ordres des médecins et des pharmaciens de la région, une vaste campagne de sensibilisation. Des affiches et des dépliants ont été envoyés aux généralistes et aux pharmacies à destination des patients. Les généralistes recevront aussi deux documents : une synthèse de l'étude et une plaquette sur la maladie et son traitement rédigée par le service des maladies respiratoires et allergiques du CHU de Reims. Enfin, les médecins-conseils rencontreront 150 généralistes pour les sensibiliser à la prise en charge et leur remettront un débitmètre de pointe. But de l'opération : améliorer la qualité de vie des asthmatiques par une meilleure connaissance de leur maladie.
Asthme et sexualité : une enquête nationale
Lors des 10 es états généraux de l'asthme et de l'allergie, en novembre dernier, un atelier « asthme et sexualité » auquel participaient des patients a révélé les difficultés à aborder ce sujet en consultation ou dans le cadre de l'éducation thérapeutique en groupe. Il a pourtant suffi d'ouvrir le débat, lors de cet atelier, pour que les patients présents osent expliciter leurs craintes et parfois leurs difficultés à vivre une sexualité épanouie à cause de leur asthme. C'est pourquoi l'association Asthme & Allergies a décidé de lancer au printemps, en partenariat avec le Laboratoire MSD-Chibret, une enquête nationale. Des questionnaires seront remis aux asthmatiques par l'intermédiaire des médecins.
En attendant, un nouvel atelier sur ce thème aura lieu le samedi 24 janvier à Nice, dans le cadre du Congrès de pneumologie de langue française.
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