LE TRAITEMENT de l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est proposé non seulement aux patients symptomatiques, mais aussi à ceux souffrant d’HBP à haut risque de progression.
A cet égard, l’étude MTOPS (Medical Therapy of Prostatic Symptoms)* a permis de définir les différents éléments témoignant d’une évolution de l’HBP : augmentation de quatre points du score Ipss ; rétention urinaire aiguë ; infections urinaires à répétition ; incontinence ; apparition d’une insuffisance rénale ; recours à une intervention chirurgicale.
D’autres alternatives médicales.
Elle a permis d’identifier parmi les 3 047 patients inclus dans l’étude les critères favorisant l’apparition de ces complications : patients âgés de plus de 62 ans ; volume prostatique supérieur à 31 ml ; taux de PSA supérieur à 1,6 ng/ml ; débit maximal urinaire de moins de 10,6 ml/s ; résidu postmictionnel supérieur à 39 ml.
En cas d’échec d’un traitement classique (alphabloquant ou extrait de plante ou inhibiteur de la 5 alpha-réductase), il est parfois nécessaire de recourir à d’autres alternatives médicales avant de proposer un traitement chirurgical, explique le Dr Alexandre de la Taille (CHU Henri-Mondor, Créteil). Dans ce cadre, deux traitements peuvent être proposés : les anticholinergiques et les antidiurétiques.
Les anticholinergiques sont contre-indiqués en cas de troubles obstructifs sévères par le risque de rétention urinaire qu’ils entraînent. En revanche, ils se révèlent efficaces pour traiter les troubles irritatifs tels que les impériosités et les fuites urinaires liées à une hyperactivité vésicale. Ils peuvent être utilisés en association avec un traitement classique de l’HBP (alphabloquant, inhibiteur de la 5 alpha-réductase ou extrait de plante).
Les antidiurétiques ont pour effet de réduire la diurèse nocturne, ils trouvent leur place chez les patients de moins de 65 ans, ayant une pollakiurie invalidante liée à l’inversion de la diurèse. Ils ne seront utilisés qu’après avoir vérifié, par un calendrier mictionnel, que le volume uriné la nuit, incluant la première miction du matin, est supérieur à un tiers du volume urinaire des 24 heures. Dans ces conditions, les antidiurétiques peuvent améliorer les patients.
En conclusion, il convient de retenir que, en cas d’échec d’un traitement classique de l’HBP, prescrit en première intention, les anticholinergiques et les antidiurétiques ont un intérêt chez les patients présentant des troubles impérieux sans trouble obstructif prédominant.
Autrefois non recommandée, l’association finastéride-doxazosine a obtenu en novembre 2005 une autorisation de mise sur le marché.
Réduire le risque de progression de l’HBP.
L’étude MTOPS apporte beaucoup de données sur l’intérêt d’une telle association au long cours. Elle a montré que l’association d’un alphabloquant, la doxazosine et d’un inhibiteur de la 5 alpha-réductase, le finastéride, réduit mieux le risque de progression de l’HBP qu’une monothérapie quelle qu’elle soit. Cependant, ces deux médicaments ayant des modes d’action différents exposent à des effets secondaires différents (hypotension, troubles de l’érection, diminution de la libido…) qui se cumulent en cas d’association.
En pratique quotidienne, l’association alphabloquant et inhibiteur de la 5 alpha-réductase se place en deuxième intention, en cas d’échec d’une monothérapie initiale bien conduite, lorsque l’échec s’exprime avant tout par la persistance de troubles obstructifs ; l’association alphabloquant et anticholinergique est indiquée en cas de troubles irritatifs réfractaires.
MEDEC, conférence de presse organisée par le laboratoire Merck Sharp & Dohme Chibret.
* « The New England Journal of Medicine », 2003, vol. 349, n° 25 : 2387-2398.
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