A PRES l'avoir sauvé, c'est le travail des associations que de faire vivre le patrimoine hospitalier. Comme en témoigne la belle histoire de l'hôpital Caroline. En 1978, on prévoyait de raser ses bâtiments de style néo-classique ou ce qu'il en restait après trente ans d'abandon. En 1979, l'hôpital Caroline, dans l'archipel du Frioul en face de Marseille, était sauvé par son inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. En 2001, ce lieu insolite construit de 1824 à 1828 sur les plans de Michel-Robert Penchaud sur l'île Ratonneau pour soigner la fièvre jaune, accueille à tour de rôle des séminaires d'entreprise, un festival, les nuits Caroline, ainsi que des jeunes prisonniers en réinsertion et des chantiers de l'association Rempart.
Conserver la mémoire du lieu
Entre ces deux périodes, se place le travail de l'association Caroline, créée pour conserver la mémoire du lieu, mémoire de la lutte contre les maladies contagieuses à Marseille, marquée par la peste meurtrière de 1720. En fait, l'hôpital Caroline (nommé ainsi en l'honneur de la duchesse de Berry), conçu pour 72 malades, ne sera jamais utilisé contre la fièvre jaune qui a entre-temps disparu mais deviendra en 1835, avec la construction du port de la Joliette, le lazaret des îles, territoire de quarantaine utilisé jusqu'en 1920. Le bombardement des Canadiens sur le Frioul en août 1944 signe sa fin. Jusqu'à ce qu'une poignée de passionnés, séduits par la beauté des lieux et des ruines, entreprenne de remettre sur pied sa douzaine de pavillons, dont certains évoquent les villas palladiennes. A terme, devrait voir le jour en ce lieu un projet culturel méditerranéen.
Car après la période de restauration se trouve toujours posée la question de l'affectation des anciens locaux hospitaliers.
La mise en valeur de l'Hôtel-Dieu de Bourges
Au début, l'association des Amis de l'Hôtel-Dieu de Bourges, présidée par le Dr René Durand, chef du service de réanimation et du SAMU, s'occupait de faire visiter les parties historiques de l'hôpital, la chapelle et la salle des malades de style gothique flamboyant. Puis, lorsqu'en novembre 1994, l'hôpital de Bourges a déménagé en périphérie et que l'Hôtel-Dieu a été désaffecté, l'association s'est efforcée de réunir les crédits nécessaires à la réhabilitation des bâtiments et de préserver des appétits immobiliers les deux hectares du centre ville, au cur du Bourges médiéval, finalement rachetés à l'hôpital par la municipalité. L'Etat, la région, le département et la ville de Bourges ont voté quatre tranches de travaux.
Aujourd'hui, la chapelle et la salle des malades qui avaient été coupées en deux par un plafond, ont retrouvé leurs dimensions d'origine. Salles de prestige pour la ville, ces locaux vont servir de salles de conférences et d'exposition. Certains bâtiments de peu d'intérêt ont été rasés, ce qui a permis de dégager la partie historique et de créer un parking paysager.
A Chalon-sur-Saône, c'est le départ, en 1985, des religieuses hospitalières, les surs de Sainte-Marthe, de ce qui s'appelait alors l'hôpital Saint-Laurent, qui a suscité la création en 1987, au sein même de l'hôpital, de l'association Abigaïl Mathieu. Du nom d'une généreuse bienfaitrice de Chalon-sur-Saône au XVIe siècle. L'hôpital de Chalon n'est-il pas le seul établissement bourguignon qui présente d'importants témoignages de la Renaissance malgré la démolition de la salle Renaissance en 1854 (l'hôpital Saint-Laurent sera classé vers 1910) ? L'aile qui abritait le logis des surs conserve des traces de l'influence flamande (pignon denté). Si les parties anciennes étaient déjà ouvertes à la visite du temps des surs, l'association s'est employée à trouver des subventions pour mener à bien les réfections nécessaires et la restauration des tableaux des primitifs flamands. Le visiteur découvre, outre la partie Renaissance, tout un ensemble : bâtiment néo-classique abritant une pharmacie intacte, ancien réfectoire des surs avec ses magnifiques boiseries et son dôme, salle des étains et la chapelle XIXe qui recueille les souvenirs des bâtiments démolis.
De l'abbaye cistercienne au musée hospitalier
Au centre hospitalier William Morey (son nom actuel), le passé et le présent se côtoient. Deux emplois-jeunes recrutés par l'hôpital et l'association assurent les visites guidées, tous les jours, en période estivale et toute l'année à un rythme moins soutenu.
Nombreuses aussi sont les associations d'amis des musées. Sur les sujets bien particuliers de la médecine et des hôpitaux, on peut même affirmer qu'il n'y aurait pas de musée sans association. Ainsi le musée d'Histoire de la médecine de la rue des Saint-Pères, à Paris, s'appuie sur ses « Amis ». Parfois le musée est géré par une association, comme celui du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris.
La société des amis des Arts de Charlieu (Loire) ne se doutait d'ailleurs sûrement pas, lors de sa création au début du XXe siècle pour sauver le cloître des Cordeliers (XIIIe) et mettre en valeur l'abbaye bénédictine (fondée vers 872), qu'elle se retrouverait aujourd'hui à la tête de plusieurs musées municipaux. Dont le musée hospitalier installé dans l'ancien Hôtel-Dieu et inauguré en 1995. De la même manière, l'association des Amis du Vieux Thoissey (Ain) s'est impliquée dans la restauration d'une apothicairerie du XVIIIe. Comme s'il était besoin de rappeler que le patrimoine hospitalier fait partie intégrale du patrimoine architectural d'une cité.
L'Académie de médecine vous ouvre ses portes
Pour la première fois, l'Académie de médecine ouvre ses portes au public, le samedi 15 septembre de 10 heures à 17 heures. Toutes les 30 minutes, les visiteurs, guidés par un académicien, partiront à la découverte de ce lieu centenaire, puisque c'est en 1902 que l'académie s'installe au 16, rue Bonaparte, dans un hôtel construit tout spécialement par l'architecte Rochet, à qui l'on doit l'hôpital de La Pitié. Après avoir traversé le hall d'entrée (statues de Desgenettes et Larrey) et gravi l'escalier d'honneur (tableau de la vaccination de Jenner par Mélingue), le visiteur pourra accéder à la salle des bustes (des faces-à-faces d'académiciens), à la bibliothèque et à ses trésors (400 000 volumes dont 800 manuscrits et 113 incunables, une collection de 7 500 portraits de médecins et de savants), la salle des séances où le ciel de la tribune raconte l'histoire de la fondation de l'académie et dont le plafond « allégorise », le salon Lhermite avec le Pr Henri Vaquez peint par Vuillard. De buste en tableau, et de médaille en pupitre, tout évoque ici les grands noms de la médecine.
Tél. 01.53.10.87.94.
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