Prévues depuis plusieurs mois déjà, les Assises de la médecine spécialisée qui sont organisées demain samedi à Paris (1) sous l'égide de l'Union nationale des médecins spécialistes (UMESPE-CSMF) et de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), risquent de se dérouler dans un climat parfois houleux. Règlement conventionnel minimal (RCM) et accord CSMF-caisses obligent.
Le Dr Jean-François Rey, président de l'UMESPE, ne méconnaît pas ce risque. « Chacun, dit-il, pourra prendre la parole, et les coordinations seront les bienvenues à cette réunion, mais nous veillerons à ce que cette actualité n'occulte pas les autres débats que nous avons prévus ». Car pour le président de l'UMESPE, c'est l'avenir de la médecine spécialisée qui sera évoqué pendant cette journée.
En particulier, les spécialistes libéraux, qui travaillent dans les établissements privés s'inquiètent de la santé de plus en plus fragile, au plan économique, (voir page 5), des cliniques, ce qui qui pourrait contraindre nombre d'entre eux à quitter leur emploi et à se trouver à 50, 55 ans, dans une situation difficile. « Devront-ils, dès lors, intégrer une structure hospitalière publique, à un âge où l'essentiel de leur carrière est derrière eux ? » demande Jean-François Rey. Certes, poursuit le président de l'UMESPE, « il n'y aurait aucun déshonneur, bien au contraire, à entrer à l'hôpital public. Mais ce n'est pas le choix que nous avions fait à l'origine, et je ne suis pas certain que nos confrères de l'hôpital public soient toujours ravis de nous voir arriver ». Resterait alors la possibilité de s'installer comme spécialiste de ville, uniquement, ce qui ne manquerait pas de poser des problèmes. Et le Dr Rey de citer l'exemple de ce gynécologique obstétricien qui a dû se résoudre à s'installer en tant que gynécologue médical uniquement. « Ce n'est certes pas un déshonneur, poursuit-il, mais là encore ce médecin n'avait guère le choix de faire autrement. Une décision d'autant plus regrettable que l'on manque de médecins obstétriciens ».
En rassemblant spécialistes libéraux et spécialistes hospitaliers, ces assises veulent marquer le souci commun des médecins, quel que soit leur lieu d'exercice, de participer à la réforme du système de santé et de protection sociale annoncé par le gouvernement. « Les spécialistes, explique encore Jean François-Rey, doivent être pris au sérieux par les pouvoirs publics ».
C'est dans ce contexte que l'actualité du RCM risque de revenir rapidement dans le débat. En effet, le protocole d'accord signé entre l'assurance-maladie et la CSMF est apparu comme un préalable indispensable, aux yeux du gouvernement, pour que les médecins participent à l'élaboration de la réforme. « Il est vrai, commente le Dr Rey, que tout n'est pas parfait dans ce texte et que nous souhaitions que les sommes consacrées à la revalorisation de la médecine spécialisée soient beaucoup plus importantes.Mais nous nous devions d'approuver ce texte, faute de quoi les médecins spécialistes auraient beaucoup perdu ; ils auraient été exclus des futures discussions sur la réforme du système de santé. Est-ce cela que nous voulions, alors qu'il est clair que la contestation systématique, l'application sans discernement du DE et les déconventionnements, qui ont d'ailleurs fait long feu, ne peuvent longtemps tenir comme ligne politique ou syndicale ? ». Et le président de l'UMESPE de rappeler malicieusement que les coordinations qui semblaient si déterminées dans l'ouest de la France et qui appelaient à des déconventionnements massifs ont finalement signé un accord avec les caisses locales d'assurance-maladie. Sans que personne ne parle de scandale. Sous entendu : pourquoi crier au loup alors que la CSMF a fait la même chose au niveau national, pour « empêcher que le corps médical ne soit mis hors jeu pour longtemps ? ». Des arguments que le Dr Rey compte bien développer lors de ces assises, si d'aventure la polémique devient trop violente.
(1) Assises de la médecine spécialisée. Samedi 13 septembre 2003. Paris. Amphithéâtre de la Cité des sciences de la Villette (19e).
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