Le musée des Beaux-Arts de Dunkerque a une façon bien à lui de revisiter ses collections. Après « Éloge de la couleur » et « D’après nature », c’est à une réflexion sur les rapports entre matière et spiritualité, matière et sacré à travers la confrontation d’œuvres anciennes, modernes et contemporaines issues des cinq continents que le visiteur est convié.
Il faut rappeler que ce musée, comme la plupart de ses « collègues » des villes portuaires, s’est enrichi très tôt d’objets rapportés du monde entier par les marins. Ajoutons 20 000 pièces d’histoire naturelle (minéraux, animaux naturalisés) et près de 800 peintures et sculptures pour avoir une petite idée de ce musée inauguré en 1841, bombardé en 1940 et réinstallé en 1973 dans un bâtiment raide et fonctionnel bien de l’époque. Sa rénovation est prévue dans le cadre d’un projet urbain ambitieux – qui fait d’ailleurs l’objet d’une autre expo sous le titre « Dunkerque – Vision urbaine, vision d’avenir ».
Depuis 2006 donc, à travers les deux précédentes expositions et l’actuelle « Par-delà la matière », une muséographie un tantinet révolutionnaire « confronte cultures et époques de façon anachronique en vue de la restructuration du musée », nous dit Claude Sten, attachée de conservation. C’est une bonne idée. Un regard neuf sur une collection engendre toujours des redécouvertes, une nouvelle analyse des objets – et parfois leur restauration. Mais la thématique qui rapproche une planche du « Miserere » (1922) de Georges Rouault d’une divinité chinoise du XIVe siècle, le « Noli me tangere » d’Abraham Janssens(XVIIe) du « Port orné d’architecture » (XVIIIe) d’Hubert Robert et de la « Passion espagnole » (1975) de Manessier, ou un beau Soulages de 1983 d’une conque marine des Marquises n’est pas toujours évidente. Sans oublier « Cherry »(1998), l’impressionnante « sculpture de lumière » de James Turrell. Reste que l’éclectisme de cette présentation qui s’apparente à celle d’un cabinet de curiosités, à l’image du musée lui-même (où plane le souvenir de Jean Bart), en nourrit tout le charme.
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