Les directeurs des agences régionales de santé (ARS) à l’œuvre depuis le mois d’avril vont-ils se comporter en « préfets sanitaires », comme l’ont toujours redouté les opposants à la loi Bachelot ? On devrait le savoir avant la fin de l’année car les ARS seront en première ligne dans le plan canicule. « La nouveauté du plan canicule, pour 2010, c’est le rôle déterminant qu’assumeront désormais les ARS dans ce dispositif » a indiqué Roselyne Bachelot à la presse le 1er juillet après avoir réuni les directeurs des 26 agences. Un exercice « canicule » a d’ailleurs eu lieu le 16 juin dernier dans les ARS qui se sont « organisés en interne autour d’une plate-forme de veille sanitaire » a précisé le Pr Didier Houssin, directeur général de la Santé.
Les ARS assureront en effet la veille, comme prévu dans la loi HPST. Mais surtout, elles seront responsables de garantir la permanence et la continuité des soins. Une priorité pour la ministre de la Santé qui garde bien évidemment en mémoire le drame de la canicule de 2003 mais aussi les couacs des vacances de Noël de 2008. Du coup, le ministère a annoncé que 95 % en moyenne des lits d’hospitalisation seront ouverts en juillet, 90 % en août et 97 % en septembre. « Les ARS veilleront à organiser la réflexion de manière anticipée avec les différents établissements et à coordonner les programmes d’ouverture de lits » a précisé Roselyne Bachelot. En cas de crise, des plans blancs peuvent être déclenchés.
Tout ceci n’est, à vrai dire, pas nouveau. En revanche, les ARS devront également veiller à la permanence des soins en ville pendant la période estivale. Vendredi dernier, Roselyne Bachelot avait annoncé au congrès de médecine générale de Nice qu’elle ne publierait pas le décret d’application de la disposition de la loi HPST qui prévoyait que les médecins libéraux auraient dû déclarer leurs dates de congés aux conseils départementaux de l’Ordre. Cependant devant la presse, la ministre a déclaré : « la continuité des soins, c’est l’articulation entre les soins de ville et l’hôpital. Il est important que la permanence des soins soit également maintenue. De ce point de vue, je fais confiance aux médecins généralistes pour s’organiser et apporter la réponse adaptée dans chaque territoire de santé ». L’Ordre devrait néanmoins avoir un rôle à jouer, même si celui-ci reste encore flou. « Le Conseil de l’Ordre pourra intervenir, le cas échéant, pour aider les médecins à mieux se coordonner » a dit Roselyne Bachelot ce jeudi. La semaine dernière, elle avait indiqué qu’elle confierait prochainement à l’Ordre des médecins la mission de « repérer les territoires et les périodes où la continuité des soins risque de ne pas être assurée, afin de trouver, avec les médecins concernés et les pouvoirs publics, les réponses les plus adaptées ». « Nous déterminerons ensemble les modalités de ce dispositif » avait-elle précisé.
Les directeurs d’ARS pourront « s’appuyer sur les CODAMUPS pour organiser la permanence des soins ambulatoire » a ajouté jeudi matin, Annie Podeur, la directrice générale de l’offre de soins (DGOS). Et en cas de canicule avérée, « le dispositif de pds pourra être renforcé par le directeur de l’ARS » qui pourrait alors très bien demander au préfet de réquisitionner des généralistes. Cet été s’annonce donc bien comme une période de test. Les capacités de dialogue avec les professionnels des directeurs d’ARS seront mises à l’épreuve en cas de canicule. Et les médecins libéraux ne devront pas être pris en défaut de continuité des soins. On se souvient qu’après la crise de 2003, certains hospitaliers n’avaient pas hésité à montrer du doigt la médecine de ville, accusée d’avoir déserté le navire. Au moindre incident un peu médiatisé, les déclarations de congés pourraient alors faire leur retour.
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