« Le calcium a de multiples facettes, même si sa face visible et bien connue reflète la minéralisation de l'os et la prévention de divers troubles osseux, notamment l'ostéoporose », note le Pr Léon Gueguen, directeur de recherche honoraire à l'INRA et grand spécialiste du métabolisme calcique. Ses autres actions physiologiques sont maintenant mieux explorées. On sait que le calcium non absorbé a aussi des effets favorables, notamment pour la prévention de la lithiase rénale oxalique. De même, l'effet bénéfique du calcium sur le cancer colo-rectal pourrait s'expliquer par la formation dans le côlon de composés insolubles avec des acides gras ou des acides biliaires agressifs pour la muqueuse intestinale. Ce même calcium non absorbé pourrait aussi limiter l'absorption des acides gras saturés.
Mais, parmi les avancées les plus récentes, c'est sans doute le rôle du calcium dans la prévention de l'hypertension artérielle qui retient le plus l'attention en raison de ses applications cliniques potentielles. C'est donc un cardiologue, le Pr Xavier Girerd, qui a rapporté les résultats des études disponibles sur ce sujet. Une revue de 42 essais contrôlés randomisés sur les effets d'apports supplémentaires de calcium sur la pression artérielle a été publiée en 1999. Elle a porté sur 4 56 adultes normo- et hypertendus. La supplémentation (de 500 à 2000 mg/j) a entraîné une baisse moyenne de 1,4 mmHg de la pression artérielle systolique (PAS) et de 0,8 mmHg de la pression artérielle diastolique (PAD). Une étude sur 459 adultes présentant une hypertension artérielle légère a montré qu'un régime pauvre en graisse mais riche en fruits, en légumes, en calcium et en protéines est à l'origine d'une baisse de 5,5 mmHg de la PAS et de 3 mmHg par rapport à une diète pauvre en potassium et en magnésium. Même si l'on ne dispose pas à l'heure actuelle d'essais randomisés sur les effets de la supplémentation en calcium sur la mortalité ou la morbidité, ainsi les arguments sont de plus en plus nombreux pour penser que des modifications nutritionnelles, si elles sont suivies, permettent une réduction faible, mais pertinente, des chiffres de la pression artérielle chez les hypertendus, conclut le Pr Girerd.
Alors que le rôle physiologique du calcium s'affirme de plus en plus important, une nouvelle étude montre que les apports restent insuffisants. Elle a été menée sur 9 983 sujets, 6 966 hommes et 3 407 femmes, agés de 19 ± 9 ans en moyenne. Cette population était issue de trois groupes : de jeunes collégiens, lycéens ou étudiants, des militaires et des sportifs membres d'une fédération. A noter qu'une partie des participants appartenaient conjointement à deux groupes : militaires-sportifs et étudiants-sportifs.
Sur l'ensemble de la population, la consommation moyenne de calcium est de 1 242 g/j, mais celle-ci masque des disparités importantes ; en effet 50 % des participants ont une consommation inférieure aux apports recommandés, c'est-à-dire inférieure à 1 000 mg/24 h. Dans 13 % des cas, elle est très insuffisante, inférieure à 500 mg/j. Par ailleurs, on observe des apports calciques de plus en plus faibles chez les femmes, avec une diminution régulière au fil des ans, alors que les besoins sont accrus au cours du vieillissement.
Cette enquête confirme donc des données antérieures : une large fraction de la population a une consommation insuffisante de lait et de produits laitiers.
Amphi parrainé par l'institut Candia d'après les communications des Prs Léon Gueguen, Xavier Girerd, Charles-Yannic Guézennec et Robert Heaney.
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