Les résultats de l'étude Practis, grande étude multicentrique française récemment menée chez 1 153 patients, confirment le coût médical important de la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde, avec des coûts sociaux particulièrement élevés.
On peut notamment relever, parmi ces résultats, un taux particulièrement élevé de patients ayant subi une intervention chirurgicale (47 %) liée directement ou indirectement à la polyarthrite rhumatoïde.
Des coûts médicaux et sociaux très élevés
L'importance de la gêne fonctionnelle est soulignée, avec un taux élevé de patients (30,7 %) dont la polyarthrite rhumatoïde engendre un retentissement sur l'activité professionnelle. Environ 35 % des patients atteints de PR en activité professionnelle sont en arrêt de travail. Quant aux patients en arrêt de travail définitif, ils sont nombreux puisque les résultats recensent 19,2 % de patients âgés en moyenne de 45,7 ans. Enfin, la durée cumulée moyenne d'arrêt de travail au cours des douze derniers mois est de 170 jours par patient arrêté.
Dans le cadre de l'étude Practis, le coût moyen des ressources médicales concernées s'élève à 4 002,70 euros par patient et par an, sachant que 60 % sont imputables aux hospitalisations et 13 % aux médicaments (les nouveaux traitements de la polyarthrite rhumatoïde n'ayant pas été pris en compte dans cette étude). Quant aux coûts sociaux liés à la polyarthrite rhumatoïde, ils sont particulièrement importants puisqu'ils s'élèvent à 19 milliards de francs, soit 3 571 euros par individu répondant. En outre, 37 % bénéficient d'une ou de plusieurs prestations d'un montant moyen de 7 317,55 euros par an, pouvant aller jusqu'à 28 355,52 euros.
L'étude Practis apporte ainsi la démonstration du coût médico-économique élevé généré par la prise en charge classique de la polyarthrite rhumatoïde. L'arrivée des nouveaux traitements biothérapiques, en particulier les anti-TNF, dont l'efficacité clinique est démontrée par de nombreuses études internationales, vient révolutionner la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Dès lors, il se révèle intéressant de comparer les coûts sociaux élevés de la prise en charge classique à ceux des nouveaux traitements biothérapiques, dont on sait maintenant qu'ils permettent d'empêcher la destruction articulaire, limitant ainsi handicaps et hospitalisations. Après cette grande étude Practis, la Société française de rhumatologie envisage de mener une grande étude médico-économique à l'échelon national, en collaboration avec tous les services hospitaliers de rhumatologie, sur plus de mille malades et avec un suivi de plusieurs années.
Dans ce contexte novateur de prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde par les biothérapies, on peut souligner l'expérience novatrice du réseau rhumatologique hospitalier du Nord - Pas-de-Calais menée depuis août 2000. Ce réseau, qui fonctionne grâce à la collaboration entre le CHU de Lille et les rhumatologues hospitaliers de la région Nord - Pas-de-Calais, a permis de traiter 70 malades atteints de PR réfractaires et toujours actives par un traitement par anti-TNF alpha, l'infliximab (Remicade, des Laboratoires Schering-Plough) avec des résultats en termes d'efficacité et de tolérance qui corroborent les données de la littérature, et notamment celles de l'étude de référence ATTRACT.
L'expérience du réseau Nord - Pas-de-Calais
Cette expérience régionale sans précédent fait suite à un long travail préparatoire, adapté au contexte régional particulier du Nord - Pas-de-Calais. Le CHR de Lille avait, en effet, été le premier à signer un contrat d'objectifs et de moyens en 1990 avec l'Etat, qui garantissait des moyens financiers mais imposait notamment la mise en place d'une démarche stratégique au niveau régional. L'expérience du réseau rhumatologique du Nord - Pas-de-Calais montre que la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde par les nouvelles biothérapies est possible, et permet surtout aux patients atteints de formes particulièrement sévères et résistant aux traitements déjà mis en uvre de pouvoir être traités par ces thérapeutiques innovantes et efficaces tout en restant au plus près de leur domicile. Fort de cette expérience très positive, le réseau rhumatologique du Nord - Pas-de-Calais bénéficie de la reconnaissance des pouvoirs publics et va poursuivre son activité en traitant 180 malades dans cette région.
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