Les anticoagulants toujours sous-utilisés

Publié le 11/11/2016
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Malgré les nombreuses recommandations concernant la prévention des accidents thromboemboliques chez les patients atteints de FA, la prescription des anticoagulants est loin d’être optimale, comme le confirme une étude menée en France chez les résidents des Ehpad (1).  
Les 1 085 participants en FA non valvulaire (soit 10 % de la population des EHPAD) étaient âgés de 87 ans en moyenne. Leur  score CHA2DS2-VASc moyen était de 5. Or un traitement anticoagulant doit être prescrit dans la FA non valvulaire, dès que le score est supérieur ou égal à 2 chez les hommes, ou supérieur ou égal à 3 chez les femmes, et un âge supérieur à 75 ans confère déjà deux points pour le score  CHA2DS2-VASc. Pourtant, la moitié des patients éligibles à un traitement par anticoagulants n’en recevaient pas. Les chutes à répétition, les antécédents de saignements, la FA paroxystique et l’âge avancé étaient significativement associés avec le non-prescription d’anticoagulants.

Les aod montrent une efficacité au moins égale à celle des avk dans les essais randomisés, y compris chez les gens très âgés, pour un risque hémorragique et en particulier intracérébral inférieur à celui des AVK. Mais qu’en est-il dans la pratique ? L’étude Presage-ACO, ouverte aux généralistes, aux coordonnateurs d'Ehpad et aux pharmaciens d'officine, d’abord en île-de-France puis élargie au territoire national, est la première de ce type en Europe à évaluer en pratique l’efficacité et la sécurité des AVK et des AOC dans la FA non valvulaire chez les plus de 80 ans, vivant à domicile ou en EHPAD. Pilotée notamment par le centre de pharmaco-épidémiologie de l’AP-HP, de l’ARS, de l’OMEDIT (Observatoire des MEDicaments Dispositifs médicaux et Innovations Thérapeutiques) ou de la SFTG (Société de Formation Thérapeutique du Généraliste), elle va préciser en conditions réelles les modalités d’utilisation de ces deux classes thérapeutiques, les accidents iatrogènes associés à ces traitements, les facteurs favorisants et leur rapport bénéfice/risque réel. Parallèlement, un registre observationnel en « vie réelle », Safir, a débuté en France, avec comme objectif la surveillance et les déterminants du risque hémorragique sous AOD après 80 ans chez des sujets suivis dans des structures de gériatrie.

(1) Journal of the American Geriatrics Society,  Volume 63, Issue 1, January 2015, Pages 71–76, « Underuse of Oral Anticoagulation for Individuals with Atrial Fibrillation in a Nursing Home Setting in France: Comparisons of Resident Characteristics and Physician Attitude » Oarda Bahri & al


Source : lequotidiendumedecin.fr