LES ANESTHÉSISTES-RÉANIMATEURS de l'Association des anesthésiologistes libéraux (AAL) menacent à leur tour de « passer à l'action par bassins de vie dans les semaines à venir », après avoir déjà soutenu ces jours-ci le mouvement des Chirurgiens de France qui appelait à un exil symbolique en Angleterre et à une cessation d'activité du 9 au 13 mai dans les blocs opératoires.
L'AAL, qui revendique « 450 membres », soit « un quart des anesthésistes exclusivement libéraux », envisage plusieurs types d'action à venir selon les situations locales : « déconventionnements », « cessation d'activité » ou « exercice en monosite strict (endormissement d'un malade à la fois par anesthésiste dans une salle unique, ndlr) au risque de ne plus prendre en charge 30 % des patients et de précipiter la faillite des cliniques privées ».
L'AAL dénonce les effets de Classification commune des actes médicaux (Ccam technique) entrée en vigueur le 31 mars. « Avant, on faisait toujours deux actes d'anesthésie simultanément, explique son président, le Dr Jean-Paul Camou. La Ccam vise à améliorer la sécurité en imposant la présence permanente des anesthésistes auprès d'un patient pour les actes les plus délicats catalogués en « liste 1 », soit « un tiers de leurs actes », mais cette obligation se fait dans des conditions « ingérables », selon le Dr Camou, compte tenu de la charge financière que représente un Iade (infirmier anesthésiste diplômé d'Etat). L'AAL estime que les revalorisations tarifaires des actes en liste 1 et la suppression provisoire de la décote prévue pour les actes moins risqués figurant en liste 2 (anesthésies locorégionales, par exemple), ne compensent pas le manque à gagner en termes d'honoraires. « On était déjà très limite en secteur I, mais là, avec la Ccam, on bascule dans l'impossible, renchérit le Dr Marie-Pascale Quirin, vice-présidente de l'AAL. On perd au moins 30 % de notre chiffre d'affaires pour des durées d'intervention beaucoup plus longues. »
Les anesthésistes de l'AAL préparent leurs actions depuis le mois de mars en envoyant des lettres aux agences régionales d'hospitalisation (ARH) et en prenant contact les pouvoirs publics (préfets, élus, directeurs de caisse...). Au 10 mai, environ 350 anesthésistes ont déjà interpellé par courrier les ARH dans 25 départements concentrés dans les régions Bretagne, Bourgogne, Aquitaine et Midi-Pyrénées. Selon le Dr Quirin, les anesthésistes bourguignons devraient commencer « une grève d'une durée indéterminée » à compter du 16 mai. En région Midi-Pyrénées, une collecte de lettres de déconventionnement a commencé. Les anesthésistes candidats au déconventionnement ont l'intention, précise la vice-présidente de l'AAL, d'être « nombreux et solidaires dans un même bassin de vie afin que la Sécurité sociale et les mutuelles ne puissent pas s'entendre pour dire qu'elles ne remboursent pas (les actes d'anesthésie) ».
L'Union des chirurgiens français voit le jour
Demain, l'Union des chirurgiens français (UCF) se réunit en assemblée générale extraordinaire pour se rapprocher du collectif des Chirurgiens de France (CDF, fondé officiellement en juillet 2003) et fonder ainsi une nouvelle fédération chirurgicale baptisée Ucdf (Union des chirurgiens de France). Le Dr Philippe Cuq, qui cumule déjà les fonctions de président de l'UCF et des CDF depuis la fin 2004, devrait logiquement prendre la tête de cette nouvelle structure syndicale.
Annoncée depuis plusieurs mois (« le Quotidien » des 4 et 10 février), la création de l'Ucdf vise à unifier les chirurgiens libéraux, toutes spécialités confondues, et à amplifier l'action des Chirurgiens de France pour faire respecter l'accord du 24 août 2004 visant à revaloriser la profession. Le collectif des CDF termine aujourd'hui une semaine d'action, marquée par une cessation d'activité ou un fonctionnement au ralenti de « 2 500 praticiens » des blocs opératoires et un départ en Angleterre assez peu suivi (300 participants, contre 750 inscrits au départ).
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