Le Sénat des Etats-Unis, contrôlé par les Républicains, a adopté une loi interdisant un méthode chirurgicale d'avortement tardif, à une très large majorité de 64 votes contre 34. Approuvée un mois plus tôt par la Chambre des représentants, elle constitue la première restriction au droit des femmes d'avorter établi par la Cour suprême en 1973 dans l'affaire « Roe contre Wade ».
« Nous avons remporté une victoire significative qui contribue à l'édification d'une société plus fraternelle et à une culture qui respecte chaque vie humaine », estime son auteur, le sénateur Rick Santorum. « Les groupes fondamentalistes ne lâcheront pas prise tant que l'avortement ne sera pas déclaré illégal », affirme Vicky Shapiro, une des responsables de la Fédération nationale pour l'avortement, qui promet de porter le débat jusqu'à la Cour suprême. Selon elle, ces groupes qu'elle dit très influents au Congrès ont déjà mis en route trois autres projets, eux aussi destinés à limiter la décision de la Haute Cour de 1973. Il s'agit de déclarer l'avortement « hors la loi ». « Je le dis aux femmes américaines : c'est un premier pas en ce sens », prévient le démocrate Tom Harkin (Iowa). Le sujet est si brûlant qu'une femme, Barbara Blackmon, candidate démocrate au poste de gouverneur-adjoint de l'Etat du Mississippi, a dû confirmer, début octobre, par écrit et sous serment, qu'elle n'avait jamais subi d'IVG, sous la pression de sa concurrente républicaine. « C'est une question encore très sensible, qui divise les Américains (...) Trente ans après, la bataille est toujours aussi acharnée », note le sociologue et juriste Emilio Vianno. Le facteur religieux est « fondamental, beaucoup plus qu'en Europe », poursuit-il, en relevant que « les femmes qui souhaitent maîtriser leur sexualité s'opposent aux courants traditionnels du catholicisme, du judaïsme et de l'islam ».
En janvier 2003, un sondage ABC/« Washington Post » montrait un recul de la majorité favorable à l'interruption de grossesse (57 % des personnes interrogées contre 59 % en 2001). Le taux d'IVG est au plus bas depuis trente ans, avec 21,3 actes pour 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans, contre 29,3 en 1980-1981. Or environ 5 millions de grossesses ne sont pas désirées chaque année. Cela étant, au moins une Américaine sur trois subit un avortement avant 45 ans. Depuis 1973, trente-neuf millions d'IVG ont été pratiquées aux Etats-Unis.
Au début de septembre, Paul Hill était devenu le premier Américain exécuté pour crime en rapport avec l'IVG : en 1994, il avait tué par balles un médecin pratiquant l'avortement en Floride, ainsi que son assistant.
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