Les Américains ont toujours tort

Publié le 22/05/2001
Article réservé aux abonnés

S URPRENANTS commentaires dans la presse française, européenne et américaine, où l'absence de Washington dans la crise du Proche-Orient est vivement dénoncée. Que fait George W. Bush, à quoi pense-t-il, de quoi s'occupe-t-il dès lors qu'il n'a pas trouvé le temps de courir au chevet d'un conflit capable de déclencher une guerre régionale ?

Surprenants, parce que le nec plus ultra de l'analyse, au début de l'intifada, consistait à attribuer la responsabilité de l'échec de Camp David non seulement aux accords d'Oslo (qui ont été, pourtant, la seule tentative sérieuse pour conclure un accord exhaustif et définitif) mais à la précipitation et à l'impatience de Bill Clinton. Hier, la diplomatie américaine était trop présente, aujourd'hui, on stigmatise son absence.
M. Clinton avait certes le souci égoïste de laisser à la postérité un accord d'envergure historique. Mais au moins a-t-il consacré à la recherche de cet accord un temps et une énergie exceptionnels. Le rendre responsable de l'intifada, c'est lui attribuer les responsabilités de M. Arafat. Il vaut mieux que ça. Quant à M. Bush, pourquoi s'étonnerait-on de son absence ? Il avait dit, avant même d'entrer à la Maison-Blanche, qu'il n'aurait sûrement pas le zèle de son prédécesseur, qu'il ne voulait pas impliquer les Etats-Unis dans un conflit où ils ont beaucoup à perdre, et que les négociateurs israéliens et palestiniens ne pouvaient pas être remplacés par des étrangers. Pour le moment, M. Bush tient parole.
Certes, on peut se demander s'il n'est pas temps que les Etats-Unis arrivent à la rescousse. On est tout prêt d'un cataclysme, on commence donc à se demander si les conditions de l'accord ne doivent pas être dictées par les grandes puissances, Amérique, Union européenne et Russie. Mais, même sans en arriver là, la diplomatie américaine possède des ressources que d'autres pays n'ont pas et qu'elle doit mettre au service de la paix.
Toutefois, est-il possible de demander à ceux qui font métier de juger l'Amérique qu'ils mettent de la cohérence dans leurs propos ? Ce sont quasiment les mêmes qui dénoncent l'hégémonie des Etats-Unis et qui les critiquent sévèrement pour leur apathie actuelle au Proche-Orient. La tactique de M. Bush est pourtant claire : tout ce qu'il veut, c'est avoir de bons rapports avec les Etats arabes producteurs de pétrole. S'il réduit l'influence américaine au Proche-Orient, il sera de moins en moins responsable de ce qui s'y passe, en bien ou en mal. Seule la crainte d'un élargissement du conflit le fera sortir de sa réserve.

R. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6923