« Les tanks Abrams M1 et les avions d'attaque A-10 américains vont utiliser à nouveau des munitions à uranium appauvri (UA) (...), parce que ce sont les plus efficaces pour pénétrer les blindages ennemis », a annoncé le colonel américain James Naughton.
Le Pentagone a tranché, privilégiant le concept d'efficacité de ce métal extrêmement dur, qui, placé sur des obus de 120 mm ou des balles de 30 mm, perce bien mieux les cuirasses à l'impact que d'autres matériaux lourds comme le tungstène. Quitte à relancer le débat sur l'innocuité très discutée de cette substance pour ceux qui l'utilise.
Moins radioactif que l'uranium de 40 %, l'UA est cité en effet par les associations d'anciens combattants de la guerre du Golfe de 1991 comme l'un des facteurs de risque présumés à l'origine du syndrome du Golfe, avec les armes chimiques (agents Sarin, gaz moutarde), les insecticides, la pyridostigmine, les associations vaccinales (charbon, botulisme), les toxiques atmosphériques (puits de pétrole en feu) et autres maladies infectieuses.
50 000 Américains touchés
Aux Etats-Unis, le syndrome du Golfe a été invoqué par 50 000 vétérans (soit 7,2 % des 700 000 hommes engagés), tandis que, du côté français, 263 anciens combattants sur les 25 000 de l'opération Daguet affirment être touchés*, une trentaine étant décédés. Regroupés dans l'association Avigolfe, ils présentent des pathologies diverses, maladies cutanées, troubles de la mémoire, dépressions, insomnies, syndromes arthomyoneuropathiques, cancers, lésions cérébrales.
Les corrélations avec des expositions à risque sur le théâtre irakien demeurent à ce jour sujettes à caution. A telle enseigne que le président d'Avigolfe, l'ancien caporal Hervé Desplats, qui a contracté une tuberculose en 1993 et souffre d'insuffisante respiratoire, conséquences, selon lui, de sa participation au conflit, a vu sa demande de pension rejetée cette semaine par la cour d'appel de Bordeaux. Du coup, l'ancien combattant va rejoindre le groupe de 12 vétérans qui ont déposé plainte en 2002 pour « homicides et blessures involontaires » auprès de la magistrate parisienne Marie-Odile Bertella-Geffroy, spécialiste des affaires sanitaires.
Pour tenter de dresser un bilan objectif des divers troubles cliniques et déterminer les éventuelles expositions qui seraient à leur origine, une importante enquête épidémiologique a été lancée en février 2002 auprès de 20 000 personnes ; « 5 000 autoquestionnaires ont été retournés et analysés, précise le Dr Catherine Vernet (unité 330 de l'INSERM, à Bordeaux), et il faudra attendre encore une année pour disposer d'éléments exhaustifs et probants qui permettent de conclure quant à la réalité scientifique du syndrome ».
* « Le Quotidien » du 19 juin 2000.
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