Les altermondialistes défendent les systèmes européens de protection sociale

Publié le 16/11/2003
Article réservé aux abonnés

Le modèle européen de protection sociale en matière d'assurance-maladie, comme de retraites d'ailleurs, a été défendu avec force par les participants du Forum social européen (FSE) qui s'est achevé samedi dans la région parisienne. Les altermondialistes ont dénoncé « les menaces ou les attaques du néolibéralisme et de la privatisation ».

« Dans mon pays, le système public de santé s'est écroulé, il faut faire quelque chose », témoigne un épidémiologiste italien. « En Grande-Bretagne, des lois destinées à réduire le montant des retraites du secteur public vont être proposées au Parlement », explique un Anglais.
Les prises de parole sont parfois enflammées mais aussi inquiètes. En question : les services de santé, de retraite, de famille, « considérés dans la mondialisation libérale, comme une marchandise », regrette Nicoletta Pirotta, italienne, engagée dans la Marche mondiale des femmes.
« Les politiques néolibérales sont dommageables à la santé de la population », assure Alexis Benos, professeur en médecine sociale en Grèce, rappelant que privatisation, concurrence et sous-traitance des services de santé riment souvent avec baisse de qualité et « accroissement des inégalités en matière d'accès aux soins entre populations aisée et défavorisée ».
Et de prendre l'exemple des Etats-Unis, où le secteur de la santé, largement privatisé, a laissé de côté « un nombre croissant de personnes sans couverture maladie, sans accès aux soins d'urgences, à la maternité ! »

Mise en garde contre la réforme française

Selon lui, « nous sommes en train de passer d'un modèle social hérité de 1945, basé sur la solidarité, à un système fondé sur l'individu :les systèmes de santé ne se concentrent plus sur les besoins de la société mais sur ceux de l'individu et surtout sur sa capacité à payer », regrette-t-il.
Une Française, syndiquée FSU, met en garde contre la réforme de l'assurance-maladie «  voulue par le Medef et Raffarin », qui, selon elle, « va transférer un certain nombre de soins vers les assurances complémentaires » et donc « livrer une plus grande part de la Sécu au privé ».
Même diagnostic pour Bernard Devy (FO), pour qui « le secteur est devenu un marché pour les assureurs ».
Un syndicaliste suisse, Christian Tirefort (syndicat Comédia), cite l'exemple du système d'assurance retraites « complètement libéralisé » de son pays, qui a abouti à « un système de protection de la retraite sexiste et patriarcal ».
De nombreux intervenants ont défendu l'idée de créer un mouvement européen et des réseaux de défense de la protection sociale - notamment un accès universel et égal de tous aux soins - et des services publics.

AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7426