DE NOTRE CORRESPONDANT
TRANSMISE par les tiques, le plus souvent à l'occasion de séjours ou de promenades en forêt, la méningo-encéphalite à tiques (MET) est une affection virale qui se caractérise, une semaine après la morsure, par des syndromes grippaux, puis, chez un patient sur trois, par des troubles neurologiques et méningés, dont certains peuvent être très graves, voire entraîner des séquelles importantes. Il n'existe aucun traitement contre la MET, mortelle chez 1 à 3 % des patients ayant développé des atteintes neurologiques.
Ces dernières années, quelques foyers d'infection ont été découverts en Alsace, en particulier dans les vallées de Guebwiller et de Munster, ainsi que dans la forêt du Neuhof, au sud de Strasbourg. Une dizaine de cas sont diagnostiqués chaque année dans la région, mais le nombre réel est bien supérieur, car les formes bénignes ne sont en général pas vues par un médecin, ni analysées, souligne le Pr Yves Hansmann, du service des maladies infectieuses et tropicales des hôpitaux universitaires de Strasbourg.
L'Autriche, qui a été longtemps l'un des pays les plus touchés, avec plus de 500 cas par an, a réussi par des campagnes de sensibilisation et de vaccination systématiques, à diviser par dix le nombre de ses nouvelles contaminations, alors que le nombre de foyers d'infection augmente. En Allemagne du Sud, en revanche, le nombre de cas a doublé en cinq ans pour atteindre les cinq cents, les foyers les plus virulents se trouvant dans les secteurs de Fribourg et d'Offenburg, à proximité immédiate de l'Alsace. La population est certes régulièrement informée, mais néglige ou refuse encore trop souvent de se faire vacciner, explique le Pr Peter Kimmig, spécialiste de ce dossier au ministère régional de la santé du Bade-Wurtemberg. Et il met en garde ses voisins alsaciens contre la progression sensible de la MET, sans doute stimulée par le réchauffement du climat : le Rhin ne sera pas une frontière contre les tiques, et il faut s'attendre à une évolution comparable en Alsace, avec sans doute une expansion dans d'autres régions de l'est de la France.
Conseils vestimentaires et vaccination.
Si la maladie de Lyme, elle aussi transmise par les tiques, commence à être mieux connue des médecins et du public français, ce n'est pas encore le cas de la MET, souligne le Dr Béatrice Villette, directrice des affaires médicales de la division BioSciences de Baxter. Un Alsacien sur cinq seulement a déjà entendu parler de cette maladie. Alors que l'on s'attend à une augmentation importante du nombre de foyers d'infection, il faut sensibiliser à cette maladie potentiellement grave les personnes qui se rendent en forêt, en premier lieu les forestiers et les bûcherons, mais aussi les promeneurs et randonneurs. Cela passe par des conseils vestimentaires et sanitaires, comme se couvrir de manière «étanche» et savoir déceler, puis enlever, une tique de sa peau. A l'inverse de la maladie de Lyme, affection bactérienne pour laquelle il existe un traitement, mais pas de vaccin, la MET peut être prévenue par un vaccin efficace, le Ticovac, disponible pour les adultes et les enfants. En Alsace, ce vaccin a déjà permis d'immuniser plus de 3 500 personnes, surtout des professionnels de la forêt. En Autriche, en Suisse et dans les Länder allemands de Bade-Wurtemberg et de Bavière, il est même pris en charge par les caisses d'assurance-maladie. Baxter entend renforcer l'information des professionnels de santé et du public et a ouvert pour cela un site Internet, www.tiques.fr. Le laboratoire rappelle l'importance de sensibiliser les touristes français à cette maladie, car ils sont chaque année de plus en plus nombreux à visiter l'Europe centrale et orientale, où l'incidence de la MET augmente au fur et à mesure que l'on avance vers l'est.
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