LES SUJETS D'INQUIETUDE se multiplient pour les 1 200 allergologues qui exercent leur art en France. La demande de soins en pleine explosion à laquelle ils doivent répondre - 30 % de la population est atteinte par une allergie ; 50 % pourrait l'être en 2012 - se heurte à leur démographie médicale en berne. Leur statut ambigu vient encore compliquer la donne. En effet, l'allergologie n'étant pas une spécialité reconnue, ses praticiens sont soit des généralistes à exercice particulier (MEP), titulaires d'une capacité nationale d'allergologie, soit des spécialistes (pneumologues, dermatologues, ORL...) ayant eux aussi la capacité nationale mais ne pouvant pratiquer l'allergologie que dans le champ de leur spécialité d'origine. Cette spécificité entre en collision avec la nouvelle convention médicale : qu'adviendra-t-il des allergologues dans le cadre du parcours de soins coordonnés, s'interroge le Snaf (Syndicat national des allergologistes français) et l'Anaice (Association nationale des allergologues et immunologistes cliniciens exclusifs), puisque les MEP pourront continuer à être consultés directement en tant que médecins traitants, mais que les spécialistes devront être adressés par les médecins traitants ? Le « système à double entrée » instauré par la réforme « risque de rendre la situation encore plus confuse », s'inquiètent les deux organisations.
Dépistage précoce.
Plaidant pour la création de réseaux de soins autour des patients allergiques et pour la mise en place d'un enseignement initial suffisant et d'une FMC adaptée en allergologie à l'ensemble du corps médical, les allergologues avancent, pour appuyer leurs demandes, des arguments épidémiologiques, rappelant que « l'OMS a classé l'allergie au quatrième rang des problèmes de santé publique ». Cette pathologie coûte très cher, affirment-ils : « Ne serait-ce qu'en Europe, (son) coût direct est estimé à 10 milliards d'euros et son coût indirect, à 19 milliards. » Le Snaf et l'Anaice mettent également l'accent sur la nécessité d'un dépistage précoce, « dès la toute petite enfance » : « Plus l'allergie est dépistée et traitée tôt, plus les mesures environnementales sont mises en place précocement, plus l'allergique aura de chance de voir maîtrisée son histoire naturelle, le plus souvent vouée à l'aggravation. »
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